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RECHERCHES SUR LA DISSOLUTION
RECHERCHES SUR LA DISSOLUTION
accroissement de viscosité sont considérés comme une
sont brusques quand les états extrêmes de la réaction
indication des modifications allotropiques. Ces deux carac-
chimique restent séparés sans mélange, simplement juxtaposés (dissociation du carbonate de chaux, par exemple);
tères ont trouvé leur application dans l'étude du soufre fondu. Toute propriété mesurable, dont la variation pour la température obéit pour un ensemble suffisant de corps à
une loi uniforme, peut être utilisée de la même façon. Parmi ces propriétés, M. Ramsay a utilisé dernièrement la tension capillaire. Après >avoir établi que, pour une cen-
taine de liquides différents, cette tension varie en fonction de la température suivant une loi identique, il a pu en conclure ,qu'un certain nombre de corps qui font excep-
tion à cette loi, l'eau, les alcools, l'acide acétique, présentent certainement des modifications allotropiques. La transformation allotropique dans l'état amorphe, contrairement à ce qui a lieu dans l'état cristallisé, se fait d'une façon continue et progressive ; mais, pratiquement, cette transformation s'effectue totalement dans un intervalle limité de température. En dehors de ces limites, les perturbations caractéristiques de la transformation échappent aux mesures expérimentales, et l'on peut admettre qu'il n'existe plus qu'une seule des modifications. allotropiques. Ainsi, pour. le soufre', la viscosité décroît réguliè-
rement de 100 à 2000, et ensuite de 300 à 4000, tandis qu'entre 300 et 400° elle avait, à un certain moment, été en croissant. Au-dessous de 200°, il n'y a donc que .du soufre normal, et au-dessus de 300° que du soufre mou. Dans la période de transformation, on peut admettre, c'est du moins là l'hypothèse la plus simple, que les deux modifications extrêmes coexistent mêlées ensemble et que
les proportions du mélange seules varient d'une façon continue avec la température. Cette manière d'envisager les phénomènes de transformation allotropique est, d'ailleurs, tout à fait conforme aux lois générales de la mécanique chimique. Les transformations chimiques réversibles quelconques produites par une variation de température,
cette condition est remplie dans la transformation allotropique de l'état cristallisé ; la transformation chimique est, au contraire, progressive, dans le cas oh les états extrêmes de la réaction sont mêlés (dissociation de l'acide carbonique, des sels dissous, etc.); cette condition serait remplie dans la transformation allotropique de l'état amorphe.
L'étude de ces transformations allotropiques de l'état amorphe n'avait été abordée jusqu'à ces derniers temps que d'une façon accidentelle ; avant les travaux de M. Ramsay, l'importance capitale de cette question n'avait pas été suffisamment comprise. Il résulte, en effet, de ces travaux que l'eau et l'alcool, nos deux dissolvants les plus usuels, doivent, en raison de la complication de
leur constitution, introduire des perturbations considérables dans l'équilibre des systèmes dissous. C'est pour cela que la branche de la mécanique chimique qui concerne les dissolutions est encore si peu avancée, malgré les travaux nombreux dont elle a été l'objet. Pour la faire progresser, il faut provisoirement laisser de côté les solutions aqueuses et alcooliques, pour ne reprendre leur étude
que lorsque les lois relatives aux dissolutions des corps normaux seront connues d'une façon un peu plus précise. La place importante faite dans cette introduction aux modifications allotropiques des corps est motivée, d'une part, par ce fait que. c'est la découverte, faite par Ram-
say, de l'allotropie de l'eau, qui m'a conduit à entreprendre l'étude de la. solubilité mutuelle des sels fondus;
d'autre part, par ce second fait que je n'ai pu de cette étude tirer certaines conclusions générales que j'y cherchais, en raison des complications causées par l'allotropie cristalline des sels fondus.