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GISEMENT DE CERRO DE PASCO
Le voyage de Lima au Cerro prend trois jours. Le chemin de fer Central ou Transandin vous met, le premier jour, après douze heures de trajet, à Oroya, de l'autre côté de la Cordillère occidentale, qu'il franchit au tunnel de Gâtera, à 4.775 mètres d'altitude. Oroya est a l'entrée d'un grand plateau, s'étendant vers le nord sur deux degrés de latitude, à l'extrémité duquel se trouve le fameux gisement. D'Oroya au Cerro il y a dix-huit à dix-neuf heures de cheval, soit deux jours. Le premier soir, on couche à Junin, ville importante et peuplée au temps de la domination espagnole, aujourd'hui en ruines et presque déserte, non loin de laquelle Bolivar remporta sur les Espagnols, durant la guerre de l'Indépendance, une brillante victoire. De Junin à Pasco, le chemin, monotone et interminable, longe la base des collines entourant la cuvette du grand lac appelé lac de Junin, ou des Incas, ou Chinchaicocha, dont les eaux se trouvent à 4.080 mètres d'altitude et couvrent plus de 500 kilomètres carrés, Pasco est aussi en ruines et aussi déserte que Junin. On y peut voir cependant en fonctionnement une ou deux « haciendas » de traitement des « pacos », les premiers signes de vie que l'on rencontre ; à partir de Pasco la route s'engage dans des collines escarpées et. devient dure et pénible. Enfin, après deux heures de montées et de descentes continuelles, on parvient au sommet d'un dernier col d'où apparaît brusquement, a une centaine de mètres en dessous, la ville de Cerro de Pasco (Voir fig. 2, Pl. XII). Le coup d'œil est des plus curieux : les maisons basses couvertes de chaume s'entassent pittoresquement sur une sorte de plateau montueux placé au milieu d'une enceinte de montagnes et dominant à gauche une longue dépression marécageuse. Tout autour de ce plateau, les formes bizarres et tourmentées des excavations énormes d'oîi •ont été extraits les minerais d'argent ; au-dessus des toits
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de chaume, les clochers des églises, les cheminées des puits de mine ; puis la rumeur qui sort de la ville ; tout cela produit une impression singulière d'activité et de vie après la solitude et les ruines du long chemin parcouru. Et cette impression joyeuse s'accentue encore quand on pénètre dans la ville. L'animation y est grande : des caravanes de mulets, d'ânes, de chevaux, de Hamas, chargés de sacs de minerai, de caisses, de ballots de toute nature, entrent et sortent à chaque instant. Dans les rues très pittoresques, circulent une foule d'Indiens aux formes trapues, au visage basané, les femmes revêtues souvent de vêtements de couleur éclatante. Le revers de la médaille, c'est le manque de propreté et de confortable. Cerro de Pasco compte de 8 à 9.000 habitants : il en a compté longtemps jusqu'à 12.000 ; il a 270 ans d'existence; et on n'y trouve ni eau ni égouts. Aussi, malgré que le climat soit très sain, et en dépit de la pureté de l'air sur ces hauteurs, l'état sanitaire y laisse-t-il souvent à désirer. Le typhus, en particulier, y fait de trop fréquentes apparitions. Le climat du Cerro n'est point rigoureux, comme on serait tenté de le croire. Il peut paraître tel aux Péruviens de la côte, habitués à l'éternelle douceur de la température; mais il est, en réalité, des plus supportables. Le thermomètre ne s'y élève jamais bien haut : il ne dépasse guère 8 à 10°, de sorte qu'il ne pousse rien, sauf un peu d'orge qui n'arrive qu'à une faible hauteur et ne donne pas d'épis ; mais il ne descend pas non plus bien bas: les gelées sont peu fortes; la neige, quand il en tombe, et il n'en tombe pas beaucoup, fond presque aussitôt. Les changements de température sont, par contre, brusques et violents: à un soleil extrêmement ardent succède, en quelques minutes un ouragan de pluie, neige et grêle mêlées, et le thermomètre baisse subitement de plusieurs degrés. Aussi le séjour du Cerro n'est-il pas des plus agréables. D'autre