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L'ÉTAIN
EN
BOLIVIE
L'ÉTAIN EN BOLIVIE Par
M. MAURICE FROCHOT,
Ingénieur civil des Mines.
Les gisements d'étain offrent, en Bolivie, un champ d'étude très considérable. Mon séjour dans ce pays a été de trop courte durée, et surtout trop spécialement consacré à l'étude d'une région déterminée, pour que j'aie pu y multiplier mes observations personnelles autant que je l'aurais désiré, et y recueillir tous les documents néces- ' saires; mais j'ai pu y suppléer dans une certaine mesure, grâce aux études sur l'étain, entreprises assez récemment en Bolivie, et qui ont été résumées avec beaucoup de soin et d'intelligence dans un volume publié à La Paz par M. Manuel Vicente Ballivian, qui s'occupe spécialement de statistique et de vulgarisation géographique (*). Historique. — Les gisements d'étain, du moins ceux connus à l'heure actuelle, sont assez rares dans le monde; quand on a cité le Cornouaille, la presqu'île de Malacca et l'Australie, on a fait une nomenclature à peu près complète des points où l'étain est exploité. En France eti en Allemagne, on a bien exploité autrefois des gisements de ce métal ; mais ces exploitations ont cessé aujourd'hui. Quant à l'Amérique, on n'y connaît pas de gisements d'étain importants dans le Nord ; et, dans le Sud, ils y étaient presque inconnus jusqu'en ces dernières années. (*) El Estano en Bolivia, por MANUEL La Paz, 1900, in-8°, pp. 133.
DRA .
V. BALLIVIAN Y BAUTISTA SAAVE-
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Les Espagnols, après la conquête de l'Amérique du Sud, continuèrent et développèrent beaucoup les nombreuses exploitations minières qu'ils y trouvèrent. Mais, soit qu'ils ne connussent pas l'étain, soit que ce métal leur parût de trop peu de valeur, leur attention, comme celle des premiers habitants, se porta presque exclusivement sur l'or et l'argent, et ils délaissèrent complètement l'étain; c'est ainsi que certaines mines, ouvertes par les Espagnols pour l'argent, laissent voir encore aujourd'hui des filons d'étain complètement vierges; aussi, a-t-on pu se demander si les anciens habitants connaissaient l'étain. Ce qui est certain, c'est qu'on ne possède aucun document relatif à ce genre d'exploitation. Cependant le 1'. Barba (*), qui est une autorité en la matière, soutient au chapitre xxxii de son ouvrage, Arte detosMetales que, les mines d'étain de la province de Larecaja furent exploitées par les Indiens du temps des Incas, et que les Espagnols ont continué cette exploitation après la conquête. D'autre part, des recherches archéologiques ont permis de constater l'emploi de l'étain allié au cuivre, par les Américains précolombiens, dans la fabrication de certaines armes et d'autres objets; mais aucune règle ne paraît avoir été observée dans les proportions des deux métaux alliés, en sorte que le mélange parait avoir été fait au hasard. Nous avons consulté à ce sujet M. Bandelier, qui, depuis de longues i années, parcourt le Pérou et la Bolivie pour se livrer uniquement à des recherches archéologiques; voici en quelques mots son opinion : On a extrêmement peu .de données au sujet de l'emploi de l'étain par les indigènes de l'Amérique du Sud, avant la (*) Alvaro - Alonso Barba, curé de la paroisse' de San Bernardo, h Potôsi, a publié à Madrid, en 1630, un ouvrage intitulé Arte de los Melales. C'est, encore aujourd'hui, une autorité en matière de mines, et ses indications sur la géographie minière de la Bolivie ont été très rarement reconnues inexactes.