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ÉTUDE GÉOLOGIQUE ET MINIÈRE DES PROVINCES CHINOISES VOISINES DU TONKIN
de la multiplicité des dénominations appliquées aux diverses races indigènes au milieu desquelles la race chinoise ne constitue qu'une faible minorité. Venant à la suite d'invasions plus anciennes, dont la dernière, c'est-à-dire celle des Turco-Mongols, désignés sous le nom de Lolos, remonte aux premiers siècles de notre ère, la conquête chinoise a laissé subsister toutes les races antérieures. Celles-ci se sont conservées avec une exceptionnelle intégrité sous le régime de l'organisation communale et familiale. Les Lolos, par exemple, sont encore divisés en dix-neuf castes qui ne se marient pas entre elles et dont les noms spéciaux introduisent une grande complexité dans les relations de voyage. La race aborigène des I-Jen reste encore isolée au Sud-Ouest du Yun-Nan. Avant l'arrivée des Lolos, elle avait déjà subi, par ordre d'ancienneté probable, l'invasion des Meos, ou Miao-Tze véritables, d'origine indoue, et celle des Thais et des Long-Jen, venant du Kiang-Si par le KoueiTcheou. Dans cette province, l'ascension de la race malaise vers le Nord a laissé des traces évidentes parmi les populations Long-Jen. Leur langue a des affinités telles avec le siamois que la connaissance de cette langue a permis au premier éyêque du Kouei-Tcheou d'entrer très rapidement en communication avec les indigènes établis au Sud de KoueiYan-Sen. Les Miao-Tze, venus de l'Ouest, occupent encore sans mélange de grands territoires sur la frontière orientale du Kouei-Tcheou, du Kouang-Si et du Hou-Xan. Le Yun-Nan représente donc le nœud commun d'un grand nombre de migrations. La colonisation chinoise s'est établie, au milieu de ces populations divisées, beaucoup plus par l'organisation administrative que par la conquête. Elle a d'abord implanté, surtout au Yun-Nan, des groupes d'anciens soldats musulmans, qui ont précédé
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l'immigration chinoise actuelle, provenant principalement du Se-Tchoua'n. Ces populations variées possèdent toutes une civilisation antérieure à la pénétration chinoise. Elle a surtout été apportée de l'Inde par les Méos, dont la supériorité dans les arts mécaniques est incontestable. Au point de vue de la production minière, les races du Yun-Nan et du Kouei-Tcheou sont très supérieures aux Annamites. Les musulmans sont peut-être les plus expérimentés, mais les Long-Jen atteignent aussi un rendement individuel qui peut être la moitié de celui d'un ouvrier européen. J'en ai vu la preuve dans les travaux de terrassement qu'ils exécutaient à Lao-Kay au moment de mon passage. Ce sont eux qui constituent la majorité de la population minière. Les Lolos en font aussi partie, mais ils s'adonnent plutôt aux travaux agricoles et ne se déplacent guère que par familles entières. Quant aux immigrés chinois, ils con-viennent surtout comme surveillants, dessinateurs ou comptables. Leurs capacités à cet égard sont largement utilisées dans les établissements européens d'Extrême-Orient. L'isolement des races s'établit d'ailleurs naturellement. L'horreur du porc oblige les musulmans à vivre à part, et les Lolos n'acceptent pas les dépôts d'engrais naturel qui accompagnent toujours les habitations chinoises. L'exploitation moderne devra d'abord respecter des divisions aussi anciennes. Sous cette réserve, aucune race n'est réellement hostile aux étrangers, L'état d'esprit des mineurs de Ko-Tiou est surtout la conséquence d'un certain nombre de malentendus qui sont la suite des premières compétitions européennes.