Annales des Mines (1904, série 10, volume 5) [Image 332]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

656

RICHESSES MINÉRALES DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE

CONDITIONS ÉCONOMIQUES DE L' INDUSTRIE MINIÈRE

657

CHAPITRE PREMIER.

SIXIÈME PARTIE.

LA MAIN-D'ŒUVRE. CONDITIONS ÉCONOMIQUES GÉNÉRALES DE TRIE MINIÈRE

EN

L'INDUS-

NOUVELLE-CALÉDONIE.

Comme nous avons déjà eu l'occasion de le mentionner dans ce qui précède, et comme cela ressort de quelques-uns des chiffres que nous avons cités au fur et à mesure, les conditions économiques générales de l'industrie minière en Nouvelle-Calédonie sont loin d'être favorables. Nous allons exposer en quelques mots ce qu'elles sont, et nous chercherons à faire ressortir ce qu'il y aurait à faire pour y apporter les améliorations utiles, améliorations qui ne pourraient avoir que le plus heureux effet sur le développement de cette industrie, et , par suite aussi sur la prospérité générale de la colonie. C'est la main-d'œuvre qui est, au point de vue de cette situation économique, la question capitale : nous en parlerons donc tout d'abord, réservant pour le chapitre suivant ce qui a trait aux difficultés d'approvisionnement . et aux frais qui s'ensuivent, aux transports, aux charges diverses qui pèsent sur les exploitations, etc..

A.

— HISTORIQUE DE LA QUESTION.

Les naturels de la Nouvelle-Calédonie, les Canaques, constituent comme on sait une population de faible densité ; ils n'étaient vraisemblablement que 45.000 environ dans l'ensemble de l'archipel au début de notre occupation, et ils ne sont plus aujourd'hui que 29.106(*), ce qui représente des densités de population de 2 1/2 habitants par kilomètre carré autrefois et de 1 ,6 seulement aujourd'hui; leur nombre tend d'ailleurs à diminuer assez promptement. D'autre part, les Canaques, habitués à vivre de peu, utilisant les produits de la nature, exécutant quelques cultures traditionnelles qui ne semblent pas exiger d'efforts bien considérables, chassant et péchant avec passion, se procurent ainsi aisément la nourriture dont ils sont habitués à se contenter ; ils ne sont donc pas, comme cela a lieu dans les colonies où l'indigène a de la peine à produire ce qui est nécessaire à sa nourriture, tentés d'offrir leur travail aux blancs moyennant salaire ; et ce n'est souvent que par une contrainte plus ou moins déguisée, lorsque ce n'est pas par surprise ou grâce à la tentation de l'alcool, que l'on est arrivé à faire travailler les Canaques. Pour toutes ces raisons, ce n'est pas dans la (*) Recensement général de la population de la Nouvelle-Calédonie, du 3 novembre 1901 (Journal officiel de la Colonie du 5 avril 1902).