Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
'348
349
LA GENÈSE DES EAUX THERMALES
ET SES RAPPORTS AVEC LE VOLCANISME
l'acide sulfureux résultant de l'action de l'hydrogène sulfuré sur la vapeur d'eau au rouge (*). Il est difficile de ne pas admettre que le chlorure de sodium, autrefois sorti en si grande abondance du foyer terrestre incandescent, ne continue pas à s'en échapper à cette heure sous forme de vapeurs. On le trouve en effet, avec l'acide chlorhydrique, dans toutes les laves et dans les fumerolles les plus chaudes {Fougue). Nous avons montré plus haut que ce sel ne saurait provenir des infiltrations de l'eau de la mer. Directement originaire du noyau central, le chlorure sodique fut à toute époque le véhicule des métaux qu'il transforme en chlorures volatils. Que ces métaux soient libres, qu'ils soient oxydés ou sous forme de sulfures (que la vapeur d'eau transforme, comme on l'a dit, en oxydes), en présence des chlorures alcalins de l'eau et de la silice, ces métaux ou leurs sels passent toujours à l'état de chlorures volatils au rouge, tandis que l'alcali forme un silicate soluble :
des sels qui les accompagnent, acide sulfhydrique, sulfates, carbonates, silicates, etc., qui les changent en composés sulfurés, carbonatés, silicatés, etc., correspondants. En se déposant, grâce à leur faible solubilité dans l'eau où ils se produisent, ces corps vont former les filons métalliques d'origine aqueuse. Tel est le mode de transportapparent de ces composés métalliques le plus souvent fixes et insolubles. Parmi ces chlorures, les plus volatils, ceux d'étain, de titane, d'antimoine, etc., furent entraînés dès les premiers âges, avec la vapeur d'eau, l'hydrogène sulfuré et les autres gaz, à travers les fissures des terrains primitifs. Ils s'y déposèrent tantôt à l'état d'oxydes [rutile, cassitêrite), tantôt à l'état de sulfures [stibine), suivant que l'action de l'eau ou celle de l'hydrogène sulfuré était présente ou prépondérante. Il y a déjà longtemps que, dans une expérience célèbre, Gay-Lussac et Thénard montrèrent que, lorsqu'on chauffe au rouge vif un mélange d'un chlorure alcalin, de silice et de vapeur d'eau, il se dégage de l'acide chlorhydrique tandis qu'il se fait un silicate alcalin :
PbS + H 2 0 + 2NaCl + SiO 2 = SiOSNa 2 -f PbCl 2 + H 2 + S.
Entraînés à haute température avec les autres gaz et vapeurs formés en même temps, ces chlorures métalliques, tous volatils au rouge, pénètrent, grâce aux pressions internes, à travers toutes les failles terrestres. Aux niveaux supérieurs, quand la vapeur d'eau, jusque-là surchauffée, peut enfin se liquéfier, de nouvelles réactions se produisent : ceux de ces chlorures métalliques qui ne se sont pas encore déposés, restant dissous sous pression dans l'excès d'eau qui les entraînait, subissent dès lors les nouvelles réactions, en milieu aqueux liquide, des gaz et (*) J'ai toujours trouvé qu'un peu d'acide sulfurique accompagne l'acide sulfureux dans mes expériences, même en me mettant soigneusement à l'abri de l'air; d'ailleurs l'acide sulfursux qui peut arriver jusqu'à la surface, dissous dans les eaux volcaniques, ne tarde pas à se transformer, dans les couches superficielles ou à l'air, en acide sulfurique.
2KC1 -f SiO 2 + H 2 0 = SiO ;s K 2 +. 2HC1.
D'autre part, on a vu plus haut que les sulfures métalliques, en présence dé l'eau ou de ses éléments, se changent au rouge en oxydes, et, si la silice est présente, en silicates. Si donc interviennent à la fois les chlorures alcalins, les sulfures ou chlorures métalliques, la silice et l'eau, il se fera, en milieu réducteur, un double silicate avec départ d'acide chlorhydrique et d'hydrogène sulfuré, ou plutôt d'hydrogène et de soufre. C'est ce. qu'exprime l'équation suivante dans le cas du chlorure de potassium et du sulfure de fer : FeS + 2KC1 + 2Si0 2 + 2H*0 =
S
i0 3 K 2 , SitPFe + 2HC1 + H 2 S.