Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
58
NOTICE
GÉOLOGIQUE ET MINIERE
garantir cet emprunt et d'aider la Colonie à en payer les annuités d'intérêt et de remboursement. En définitive, la création d'une voie ferrée au Congo est une question vitale pour cette Colonie. Son salut est à ce prix. Et, assurément, le Commissaire général, M. Gentil, que la confiance du Gouvernement a placé à si juste raison â la tête de la Colonie, et qui n'a cessé de lui prodiguer son énergie en même temps qu'il rétablissait l'ordre dans les finances, pourra, grâce à cette voie ferrée, faire de ce pays l'un de nos domaines d'outre-mer les plus prospères, et peut-être le plus riche. Choix du tracé. — L'idée la plus naturelle pour la construction de cette voie fut, dès les débuts de l'occupation, de suivre la roule des caravanes, de Loango à Brazzaville, inaugurée par de Brazza. Plusieurs études furent faites suivant cet itinéraire, une société fut même Constituée en vue de la construction éventuelle de cette ligne ; mais, par suite de vicissitudes diverses, il ne fut pas donné suite, au moment opportun, à cette idée, et l'initiative prise par les Belges en construisant la ligne de Matadi au Stanley Pool, au prix d'efforts multiples et de risques financiers très grands, nous devança définitivement dans cette première pénétration du bassin du Congo par une voie ferrée partant de la côte. J'ai fait ressortir plus haut l'heureuse influence que cette ligne a exercée, malgré ses énormes tarifs de transport, sur le développement du Moyen Congo, mais il est certain que son existence a porté un coup fatal au projet de chemin de fer concurrent allant de Loango à Brazzaville. Les régions que traverserait cette ligne sont celles que j'ai visitées moi-même, et mon voyage n'a fait que confirmer les données qu'on possédait sur cette contrée. Cette région est une des plus pauvres de notre Colonie au point de vue de l'obtention de produits immédiats ; elle
SUR LE
BASSIN GUPRIFERE
DU
KOUILOU-NIARI
59
n'est pas caoutchoutifère et elle ne pourrait compter sur des transports provenant des exploitations minières que si ces dernières étaient suffisamment avancées pour pouvoir donner lieu à des estimations de tonnage probable. ■Cette période ne paraît pas encore atteinte et, dans ces •conditions, la Colonie, qui est appelée à donner sa garantie financière à la construction, ne peut fonder, à courte ■échéance, sur ce genre d'exploitation, aucune espérance •certaine. Il est évident, d'autre part, qu'une voie ferrée directement concurrente à la ligne belge se trouverait placée, dès le début de son exploitation, dans une situation défavorable, parce qu'elle serait obligée de lutter à coups ■d'abaissements de tarifs avec une ligne existant depuis nombre d'années, ayant son point d'origine au port commode de Matadi, déjà organisée, en pleine prospérité financière et disposant de réserves qui feraient d'elle une •concurrente redoutable ; la garantie d'intérêt de la Colonie serait donc appelée très probablement à combler un ■déficit dans les recettes, qui l'obligerait à son tour à recourir à l'aide financière de la mère patrie, et ces appels au concours de la Métropole auraient pour résultat aussi malheureux que certain, de créer, autour de cette première voie française de pénétration dans le Congo, une atmosphère de défiance qui serait de nature à entraver gravement le développement futur de notre réseau de voies ferrées dans notre Colonie centre-africaine. Cette considération était de nature à faire rechercher une voie de pénétration plus au Nord, de façon à mieux desservir les besoins de notre Colonie et à ne provoquer aucun détournement de trafic au préjudice de la voie belge. On avait, en outre, l'avantage de créer la ligne en plein centre de nos possessions et de desservir en même temps les riches régions de l'Ogooué et du Gabon, qui n'avaient jusqu'ici retiré aucun profit de