Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
222
LES CHEMINS DE FER AMÉRICAINS
fiches journalières sur lesquelles ils portent eux-mêmes leur travail, — et de relevés établis par des contrôleurs spéciaux. Ces relevés servent à la vérification des fiches des ouvriers par les chefs d'atelier, ainsi qu'à la répartition des prix des travaux à la tâche effectués en commun par plusieurs ouvriers, au prorata du temps que chacun d'eux y a passé. En 1906, 33 p. 100 des ouvriers employés par YErieR. R. dans les ateliers des locomotives travaillaient à la tâche ; cette proportion atteignait 56 p. 100 dans les ateliers des wagons et 92 p. 100 dans les ateliers des voitures. Système des primes différentielles. — Ainsi que nous l'avons dit, l'organisation du travail à la tâche s'est souvent heurtée à de très grosses difficultés résultant de l'opposition des syndicats ouvriers. On a alors cherché à améliorer d'une autre façon le régime du travail, en vue d'arriver, — comme par l'introduction du travail à la tâche, —■ à augmenter en même temps la production de l'ouvrier et son salaire. Tel est, par exemple, le but du système des primes différentielles, dit « bonus System », adopté sur le réseau de VA tchison Topeka and Santa-Fé R", en 1905-1906. Dans ce système, on commence par effectuer, pour chaque opération, des relevés analogues à ceux qui servent de base pour fixer les prix à la tâche, de façon à se rendre compte non plus du prix de la main-d'œuvre, mais de la durée du travail. A l'aide de ces relevés, on fixe, pour chaque opération, une durée normale (« standard time ») servant de base aux primes : si l'ouvrier effectue le travail dans le temps normal fixé, il reçoit, en plus de sa paie normale (calculée d'après le salaire à la journée), une prime (« bonus ») de 20 p. 100; si la durée de son travail atteint ou dépasse une fois et demie le temps
223
MATÉRIEL ET TRACTION
normal, l'ouvrier reçoit simplement sa paie journalière; entre ces deux limites, la prime est calculée d'après le barême ci-contre : Durée égale au temps normal prime ro — sup de 7 1/2 p. 100 au temps normal: prime de — 1S — — — — 25 — — — — 30
Ef-
3^/2 45 50
_
de 20 p. 100 12 1/2 — 7 1/2 — 3 1/4 — 2
3/4
_ _
1/7
et au-dessus : prime nulle.
Cette méthode n'a pas les inconvénients du travail à la tâche. D'une part, l'ouvrier est toujours certain de recevoir au minimum le salaire journalier qu'il touchait précédemment. De plus, il est également certain de toucher des primes, car la Compagniey a le plus grand intérêt ; si celle-ci fixait des durées normales exagérément réduites, l'ouvrier ne chercherait même pas à s'en approcher, parce qu'il ne mériterait, au prix de grands efforts, que des primes insignifiantes de 1 à 3 p. 100 par exemple (Voir le barême ci-dessus). Dans ces conditions, l'atelier fonctionnerait comme avant l'introduction des primes ; or, à cette époque, les frais des ateliers des locomotives se répartissaient ainsi : Matières premières Main-d'œuvre Frais généraux
55 p. 100 16 — 29 —
La Compagnie a donc grand intérêt à augmenter la production en payant des primes sur les 16 p. 100 de maind'œuvre, pour réduire les 29 p. 100 de frais généraux. Les ouvriers sont donc assurés que les durées normales seront fixées à leur avantage, tandis que cette garantie n'existe pas au même degré pour le travail à la tâche. On intéresse même les ouvriers à rester au-dessous de Tome XI, 1907.
15