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LE PÉTROLE DE ROUMANIE
la « Standard Oil ». Les deux Sociétés offraient à l'État une : avance de 10 millions : elles demandaient en retour la concession de 15.000 hectares de terrains pétrolifères, et s'engageaient à dépenser 8 millions de sondages dans les huit premières années : la redevance était de 20 francs par hectare et de 10p. 100 du produit brut; les concessionnaires devaient enfin être autorisés à établir un « pipe line », reliant leurs exploitations au port de Constantza. Les négociations furent sur le point d'aboutir; l'avance de 10 millions était particulièrement séduisante pour le Trésor, qui traversait alors une crise assez grave ; mais l'opinion publique protesta bruyamment contre cette tentative d'accaparement, qui devait rendre la « Standard » maîtresse absolue des transports et de la production ; le Gouvernement dut rompre les pourparlers. Les années 1901-1904, grâce à la remarquable gestion du ministère Stourdza, permirent au Trésor roumain de rétablir sa situation : les déficits firent place à des excédents notables ; la question de la mise en valeur des terrains de l'État perdit son caractère d'urgence. Elle se posa à nouveau en 1904 : un groupe formé d'une des premières banques d'Europe et de deux puissantes entreprises de Bakou présenta au Gouvernement un projet de concession sur les terrains de l'État. Il s'agissait d'une étendue de 30.000 hectares pour une période de cinquante ans, avec redevance de 8 p. 100 du brut et participation variable de l'État dans les bénéfices nets de l'entreprise. La chute du ministère ne permit pas de donner suite à ces propositions. Le Gouvernement reçut, dans les premiers mois de 1905, une offre nouvelle, émanant de deux grandes banques de Berlin et de Paris. Les pétitionnaires s'engageaient à effectuer, dans un délai de six ans, des explorations dans les districts spécifiés au contrat ; ils devaient, à l'expiration de ce délai, être autorisés à choisir, d'après
ET LE CONGRÈS DE BUCAREST
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les résultats de leurs explorations, une étendue de 20.000 hectares, pour y effectuer des travaux d'exploitation ; la durée de la concession était de cinquante ans. Les taxes devaient être de 5 francs par hectare et de 10 p. 100 du produit brut ; l'État participait enfin au bénéfice net dans une proportion variable, mais qui ne pouvait descendre au-dessous du tiers. Le contrat fut près d'être conclu ; mais, comme en 1900, l'opinion publique s'émut de l'immense étendue de terrains dont l'État allait se dessaisir; l'étranger avait déjà la mainmise sur la presque totalité de la production : fallait-il consacrer son omnipotence en lui abandonnant le domaine national ? Au moment où le projet de convention allait être soumis au Parlement, un groupe de Roumains, appartenant à tous les partis, décida la formation d'une société exclusivement roumaine, au capital de 2 millions, destinée à entrer en concurrence avec les deux banques étrangères. La proposition reçut un accueil enthousiaste : la « Roumania » — c'était le nom de la société — réunit en deux jours 10 millions de souscriptions : elle présenta un projet de convention, qui se bornait d'ailleurs à reproduire celui des deux banques, en modifiant simplement les chiffres dans un sens favorable à l'État. Le Gouvernement fut très heureux du prétexte qu'on lui offrait de rompre bas pourparlers avec les Sociétés allemande et française : il jugea pourtant nécessaire de différer tout octroi de concession après des études plus approfondies. De ces études sortit la loi du 17 janvier 1906, complétée par le règlement du 23 février 1906. Loi du 17 janvier 1906. — La nouvelle réglementation ne manque pas d'originalité. Son principe essentiel est de subordonner l'une à l'autre l'exploration et l'exploitation. Dans les projets do conventions antérieurs, le conces-