Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
166
LES CABLES SOUS-MARINS
FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE
maturité, il lui est né une rivale : la télégraphie par ondes hertziennes. Déjà, l'on a pu sans fil communiquer à travers l'Atlantique. Le nouveau système détrônera-t-il l'ancien, et verra-t-on un jour les câbles abandonnés? Il est impossible de le dire encore. Certes, la télégraphie hertzienne a le grand avantage de no pas nécessiter les énormes dépenses qu'exigent les câbles (*) ; mais chacun connaît son principal inconvénient : l'impossibilité où l'on se trouve d'assurer le secret absolu des communications. Nous subissions autrefois, par la télégraphie sous-marine, le contrôle de la GrandeBretagne ; si nous installions aujourd'hui la télégraphie hertzienne, ce serait n'importe qui, ou peu s'en faut, qui pourrait intercepter nos dépêches. Certes, l'on peut penser qu'un jour viendra où l'on saura remédier à cet inconvénient ; mais, pour y parvenir, la difficulté à vaincre est très grande. Le seul principe, dont il semble aujourd'hui que la solution cherchée puisse sortir, est celui de la syntonie. Or, cette syntonie est d'autant plus parfaite que les phénomènes pour lesquels on la réalise sont de période plus courte ; il est donc utile à ce point de vue d'augmenter la fréquence des ondes. Mais cette fréquence, il faut, d'autre part, la diminuer pour franchir de longues distances, car c'est en augmentant la diffraction subie par les ondes qu'on leur fait plus docilement contourner les obstacles. Le problème est donc difficile, et il est fort loin d'être résolu. Cependant, d'ores et déjà, l'on entend quelquefois crier à la faillite des câbles. Pour ma part, je préfère ne pas jouer au devin; je crois qu'en toute hypothèse, les câbles ont encore un long avenir devant eux et que ce
n'est pas étudier une race disparue que de décrire, comme je vais le faire, l'industrie télégraphique sousmarine.
167
INTRODUCTION. Les voyages que j'ai effectués en France et en Angleterre, pendant les mois de juillet, août et septembre 1907, m'ont permis d'étudier -avec attention l'industrie des câbles sous-marins. J'avais déjà eu, en 1906, à Berlin et à Cologne, l'occasion de visiter les principales usines qui s'occupent en Allemagne de cette fabrication. Mais, sur ce terrain particulier, les usines étrangères présentent une remarquable ressemblance avec les françaises. De plus, les très rares détails par lesquels se distinguent les méthodes de production dans les différents pays, — composition chimique des enduits, etc., — sont aussi ceux qui constituent les secrets d'usine et sur lesquels j'ai obtenu les renseignements les plus succincts. J'ai été amené par là à prendre pour base, dans cet article, l'étude de l'usine de Calais, que j'ai pu faire à fond, mais en intercalant dans le cours de cet exposé la description de quelques dispositifs spéciaux remarqués, en Allemagne, dans les usines de Cologne, et en Angleterre, surtout dans les usines de Silvertown appartenant à MM. Gray. En outre, et bien que je n'aie pu assister moi-même à la pose d'un câble, un séjour de quelques semaines au Havre m'a permis, à bord du François-Arago (*), grâce aux éclaircissements minutieux que m'ont donnés les
(*) Un câble transatlantique allant de Brest à New-York vaut environ 15 millions.
(*) L'usine de Calais et le navire Françoïs-Aragà appartiennent à la Société industrielle des Téléphones.
I