Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 296]

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DÉGAGEMENT INSTANTANÉ D'ACIDE CARBONIQUE

la profondeur de 322 mètres. On constata que le dernier tir avait mis à découvert une couche de charbon sur toute la section du puits. On creusa dans cette couche six coups de mine ayant une charge totale de l kg ,500 de dynamite-gomme et qui furent tirés le 5 juillet à quatre heures du soir. Le tir produisit un approfondissement du fond du puits de 1 mètre environ dans le charbon, sans dégagement instantané d'acide carbonique. Le poste de nuit prépara au fond du puits une nouvelle volée de huit coups de mine, qui fut chargée de 2 k8 ,500 de dynamite-gomme, et le 6 juillet, à quatre heures du matin, après la sortie de tout le personnel, on fît partir cette volée. Un dégagement instantané d'acide carbonique se produisit aussitôt. Le chef de poste, qui de la recette extérieure du puits venait de faire partir électriquement la volée de coups de mine, ressentit un coup de vent violent et entendit dans le puits un bruit intense. D'abord surpris, il s'empressa de crier à tous les ouvriers qui étaient sur le carreau de la mine de se sauver. Au même moment, une énorme colonne de poussière noire s'échappa de l'orifice du puits. D'après les témoins, elle s'éleva à environ deux fois la hauteur du chevalement, soit environ 36 mètres. Les poussières et l'acide sortaient en même temps et en abondance par le second puits et par le ventilateur. Le dégagement des poussières de charbon entraînées par l'acide dura une heure et demie. Les poussières recouvraient tous les abords du puits. Il y en avait une couche de 1 mètre de hauteur sur la toiture du bâtiment de la machine d'extraction. A la recette du puits, au bord de l'orifice, l'épaisseur de la couche de poussière atteignait 3 mètres. A 20 mètres de distance du puits, dans la salle de la machine d'extraction, la couche de poussière avait encore près d'un mètre d'épaisseur. Tout

AUX MINES DU NORD DALAIS

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le sol et les arbres furent noirs de charbon autour de la mine sur une étendue de 20 à 25 hectares . Trois ouvriers, qui, au lieu de fuir comme leurs camarades, tardèrent à s'éloigner du puits, furent surpris par l'acide et asphyxiés. On retrouva le corps de l'un d'eux en plein air, enseveli sous la poussière de charbon projetée, et les corps des deux autres dans une salle de machines. De nombreux commencements d'asphyxie se sont produits sur les habitants des maisons situées aux alentours du puits, à l'intérieur même de ces maisons. L'air devint, en effet, rapidement irrespirable autour du puits dans un espace d'environ 200 mètres de long sur 150 mètres de large, et cette région resta inaccessible pendant deux heures. Tout autour, dans la campagne, l'acide se répandit au point de gêner les habitants, dans un espace d'environ un kilomètre de longueur sur 500 mètres de largeur. Dans cette zone, des poules, des oiseaux, des chiens ont été tués. Le dégagement de l'acide carbonique s'est prolongé longtemps; il durait encore au bout de douze heures. En procédant au déblaiement, les exploitants ont recueilli à la surface du sol 523 tonnes de poussière de charbon extrêmement ténue projetées par le dégagement; ils estiment à 500 tonnes environ la quantité de poussière de charbon qui n'a pas été ramassée ou qui a été emportée dans la campagne par le vent. Le puits en fonçage était en communication avec les travaux de la mine par deux recettes, l'une à 150 mètres de profondeur, l'autre à 208 mètres. La recette de 208 mètres fut complètement obstruée par le charbon projeté, qui pénétra dans les travaux de la mine jusqu'à une distance de 140 mètres du puits. Quand on procéda au déblaiement, on retira des différentes galeries de la mine 1.774 tonnes de charbon projeté. Dans la colonne du puits, de nombreux tuyaux furent