Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
504
NOTE
SUR LA FABRICATION ÉLECTROLYTIQUE
gageait à l'état libre sur l'anode et qu'il se transformait en acide fluorhydrique au contact de l'humidité atmosphérique. A l'appui de cette manière de voir, on avait invoqué des dégâts causés à la végétation par l'usine de Neuhausen, vers ses débuts. Or ces dégâts avaient peutêtre pour origine des dégagements d'acide fluorhydrique, mais ces dégagements eux-mêmes auraient été en connexion avec la fabrication du fluorure d'aluminium et non avec le travail d'électrolyse. On a donné ensuite comme argument le dépolissage des vitres des halles où ce dernier travail s'effectue, sans analyser autrement les conditions dans lesquelles le phénomène se produisait. Il convient de rappeler cependant que, dès 1890, M. Wiekersheimer avait constaté qu'un verre à vitre placé audessus d'un bain d'électrolyse, c'est-à-dire dans une région où il ne pouvait se produire aucune condensation d'humidité, ne se dépolissait pas, même après un séjour prolongé, et en avait conclu qu'il ne se dégageait pas d'acide fluorhydrique [FAluminium, p. 76). Cette conclusion négative a été confirmée par les recherches faites en 1908 à l'usine de Calypso sur les gaz dégagés des cuves ; il a été impossible d'y trouver la moindre trace d'acide fluorhydrique, bien qu'on eût constaté dans les anodes en service une proportion de 0,23 p. 100 d'hydrogène. On y a dosé 0,05 p. 100 de tétrafluorure de silicium, provenant de la silice contenue soit, dans les anodes, soit dans le bain lui-même. Il est possible que le dégagement de ce gaz ne soit pas un phénomène d'ordre éleetrolytique ; on a constaté, en effet, dans diverses opérations métallurgiques, que le chauf| fage prolongé d'un mélange de.fluorures et de silice ou de silicates donne lieu à une volatilisation lente de fluorure de silicium, en même temps qu'à une formation d'oxydes correspondant aux fluorures employés. Un fait curieux, confirmant les observations qui pré-
DE L ALUMINIUM
505
cèdent, a été constaté par M. Bertrand, chimiste de l'usine de Calypso. La surface des conducteurs en cuivre placés au-dessus des cuves s'attaque assez vite et se recouvre d'un enduit noir ; il a été constaté que cet enduit était formé de fluosilicate de cuivre, exempt de fluorure simple. La présence de petites quantités de tétrafluorure de silicium dans l'atmosphère des halles suffit pour expliquer le dépolissement des vitres. Au contact de l'humidité condensée sur celle-ci, le fluorure se décompose en acide hydrofluosilicique et en silice gélatineuse qui forme un enduit simplement translucide. Nous avons pu vérifier l'exactitude de cette explication en faisant laver avec une solution alcaline un peu concentrée une vitre ainsi dépolie ; elle a repris presque complètement sa transparence. Il subsistait néanmoins à la surface du verre quelques traces de corrosion que l'on peut attribuer au développement d'une réaction inverse de la réaction initiale. En effet, la température peut atteindre, en été, de 50° à 60° dans la partie haute de la halle. A cette température, l'acide hydrofluosilicique agit peu à peu sur la silice du T A erre en régénérant du fluorure de silicium, d'où la légère attaque observée. Il se peut que le tétrafluorure de silicium exerce une influence nuisible sur la végétation, mais rien n'est prouvé à cet égard. Les dégâts dont on avait voulu, dans la Maurienne, rendre responsables les usines à aluminium semblent s'atténuer progressivement avec le temps ; leur origine véritable reste assez incertaine. En tout cas, il semble bien établi que les dégagements gazeux qui accompagnent la production éleetrolytique de l'aluminium n'exercent aucune influence fâcheuse sur l'hygiène intérieure des usines. L'électrolyse est accompagnée de quelques pertes dues soit à la volatilisation directe des fluorures, soit à une altération lente du bain, soit enfin à une altération du