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LA RADIOACTIVITÉ DES SOURCES THERMALES
Mais, pour que l'émanation s'échappe, il lui faut un support, et celui-ci, dans le sol, ne peut être constitué que par les gaz spontanés. Ces gaz sont naturellement plus riches que l'eau en émanation et ils le sont d'autant plus que la température de l'eau est plus élevée. On est donc en droit de se demander s'il n'y a pas de relation entre la perte de l'émanation et la rareté des gaz spontanés. L'observation de Jutier, d'après laquellel'eau arrive latéralement dans le bassin thermal, nous permet d'expliquer ce fait, la majeure partie des gaz ayant pu s'échapper verticalement, soit par les diaclases du granit compact, soit par les pores de la masse menacée de première décomposition, les arkoses meubles étant très communs dans la région. Seules, de petites quantités de gaz se trouveraient entraînés par les eaux ; les quelques sources en émettant le plus abondamment (Vauquelin, Thalweg 3, Savonneuse 2) devraient cette particularité à une disposition spéciale. Cette remarque est corroborée par ce fait qu'en d'autres points de la région vosgienne le dégagement gazeux est beaucoup plus important qu'à Plombières, bien que le débit aqueux soit relativement faible et que l'eau qui s'échappe soit' certainement additionnée d'une certaine quantité d'eau superficielle. Au Reherrey notamment, où ce fait est bien caractérisé, la source se trouve exactement à la séparation du granit porphyroïde et du granit commun, aussi est-il admissible qu'eau et gaz ont suivi directement le plan de séparation des deux roches et que, par conséquent, le rapport du volume gazeux à l'eau-type est d'autant plus élevé que celle-ci, comme nous venons de le faire remarquer, est mélangée avec une forte proportion d'eau superficielle. A Plombières, comme nous l'avons dit, les eaux s'échap-
DE PLOMBIÈRES ET DES VOSGES
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pent à une certaine distance, environ 1 kilomètre du plan de séparation de deux granits. On peut donc admettre que, comme au Reherrey, eau et gaz ont suivi ce plan et s'en sont séparés à une certaine distance du sol, les eaux venant s'écouler de côté pour sourdre en contre-bas, les gaz se dégageant à la partie supérieure. Cette hypothèse de la perte de l'émanation et de son entraînement par les gaz spontanés est, a priori, assez séduisante. Nous y ferons de nous-même une objection en considérant les gaz de la source Vauquelin. Celle-ci peut en émettre environ 50 litres par vingt-quatre heures; la radioactivité totale de ces gaz correspond à 10 p. 100 environ de la radioactivité totale de l'eau. La quantité de gaz nécessaire pour entraîner l'émanation perdue doit donc être considérable. On peut répondre à cette objection que l'eau-type étant beaucoup plus riche en émanation que, l'eau de la source Vauquelin fortement appauvrie et que sa température étant elle-même plus élevée, la quantité d'émanation cédée aux gaz pourra être autrement considérable, et les gaz qui se dégageront extrêmement radioactifs. Peut-être pourrait-on retrouver trace de ces gaz et y aura-t-il intérêt un jour à entreprendre des recherches systématiques permettant de capter l'eau-type fortement radioactive. Il y a encore lieu de faire une autre remarque. Le dégagement gazeux provenant des eaux thermales et s'échappant, comme nous l'avons vu à travers les terrains, meubles ou fissurés, peut rencontrer lui-même des eaux souterraines non thermales et leur abandonner à son tour une partie de sa radioactivité. Nous nous trouverons donc en présence : 1° D'eau thermale ayant perdu, du fait de dégagement