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LES MINERAIS
STRATIFORMES
terrain quelconque, mais à un degré encore plus accentué, ne se présente pas à nous tel qu'il était au moment de sa formation première, mais tel que l'a produit depuis lors une évolution incessamment poursuivie et toujours agissante. Un gisement une fois formé a continué pour ainsi dire à vivre ; il a eu toute une histoire, dont chaque épisode a pu influer sur son état actuel ; il a changé de position relativement à la surface, tantôt remonté vers le jour, tantôt ramené en profondeur et soumis dès lors à des métasomatoses ou à des métamorphoses successives. Pour le comprendre, pour l'interpréter exactement, il faudrait avant tout connaître toute cette histoire, dont nous ignorons le plus souvent bien des points. A première vue, on pourrait croire que l'examen local, stratigraphique, microscopique et chimique, nous met assez en mesure de reconstituer cette évolution en nous montrant, par exemple, quels minéraux sont dérivés les uns des autres, dans quel ordre ces minéraux se sont formés et, quand il existe des organismes, quel a été le rôle des minerais par rapport à. ceux-ci. C'est évidemment par un tel examen qu'il faut commencer. Mais celui-ci ne saurait suffire; et l'examen local, dont le microscope est l'agent essentiel, offre, si l'on n'est en garde contre lui, des dangers que je comparerais volontiers à ceux de l'analyse mathématique en physique et en mécanique. Le microscope, comme l'algèbre, ne nous rendent parfois dans ce cas, en le traduisant autrement, que ce que nous leur avons fourni ; et, suivant le point où l'échantillon prélevé a été recueilli, suivant les conditions particulières de son gisement propre, il peut nous donner des réponses tout a fait contradictoires. Cela tient aux « remises en mouvement », qui ont presque toujours plus ou moins déplacé un métal, apporté d'abord au voisinage de la surface par un phénomène plus ou moins ancien, qui ont pu. par exemple, comme on le constate sans cesse, redéposeï
DE
LA
CHAINE
HERCYNIENNE
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tel ou tel minerai un moment dissous sur les bois, les outils, les parois d'une ancienne mine et y englober les restes d'animaux actuels, si bien que le prélèvement d'un échantillon pris dans ces conditions aboutirait, par une conclusion en apparence très rigoureuse, à supposer le gisement tout entier formé presque de nos jours. On voit là en quelque sorte la preuve par l'absurde du danger auquel on s'expose en résolvant de tels problèmes uniquement d'après un examen local, si minutieux qu'il ait pu être; et c'est en même temps la première explication de discussions toujours renouvelées. Je soutiens depuis longtemps, au contraire, que, sans négliger bien entendu l'examen local dont il vient d'être question, on doit combiner avec lui une étude d'ensemble étendue à de très vastes régions : étude qui seule fournit les moyens de reconstituer l'évolution du gisement et de remonter par là à son origine primitive. Et c'est le procédé que nous essayerons tout à l'heurè d'appliquer ici. Il faut ajouter que les faits, malgré leur abondance et leur précision, demandent toujours à être vivifiés par une coordination artificielle reposant sur un raisonnement qui aboutit à une hypothèse (et qui en dérive). Or, dans une argumentation à l'aspect irréfutable, il est bien facile, en voulant reconstituer un ensemble de faits disparus très complexe, d'oublier, de négliger involontairement telle ou telle idée qui, plus tard, apparaissant à un autre chercheur avec l'éclat de la nouveauté, lui paraîtra contenir à elle seule la clef du problème. C'est le genre d'incertitudes qui a fait qualifier, au grand scandale des historiens convaincus et confiants, le résultat de leurs longues recherches de « pauvre petite science conjecturale ». Je citeraipour seulexemplele cas des organismes qui abondent dans certains sédiments minéralisés oumétallisés : dans les schistes du Mansfeld comme dans les minettes de Lorraine, comme dans les calcaires asphal tiques du Val-Travers, etc.,