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LÉGISLATION OUVRIÈRE ET CONFLIT SOCIAL EN SUÈDE
seulement à s'organiser. En Allemagne, des lois prévoyantes et venues à leur heure, appuyées par une discipline sévère, ont réussi, sauf de rares exceptions, à faire respecter la légalité. La sagesse des Trades-Unions, en I Angleterre, est parvenue jusqu'à présent à éviter les conflits dangereux. En Suède, au contraire, nous allons assister à l'évolution parallèle des deux puissances ouvrières et patronales, lesquelles, après maints engagements partiels, se sont mesurées dans la grève générale, de 1909. Le développement économique est mis en évidence par les statistiques. De 1896 à 1907, le nombre des ouvriers de l'industrie passa de 238.000 à 303.000; le nombre total des fabriques, de 9.500 à 11.650. La progression fut constante, sauf pendant la période de crise de 1901. Il faut surtout remarquer le développement rapide des sociétés par actions, dont le nombre a doublé en l'espace de douze ans. En 1907, les principales industries étaient l'industrie minière, la métallurgie et l'industrie du bois. Les deux premières employaient 31.700 ouvriers. Une partie du minerai est traitée en Suède, mais la plus grande quantité est exportée à l'état brut. Sur les 72.700 ouvriers en bois, la majorité (41.000) était employée aux scieries : la production de ces dernières était évaluée à 172,9 millions de couronnes (*), soit 11,55 p. 100 de la production industrielle totale. Là aussi l'exportation est très importante. Une des conséquences de ce développement fut le recul de la population agricole, qui, en 1907, n'était plus que la moitié de la population totale. Il ne faudrait d'ailleurs pas s'imaginer que l'émigration à la ville ait été très considérable. La plus grande partie (*) La couronne contient 100 ôre et vaut 1 fr. 39.
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de l'industrie suédoise est, au contraire, fixée à la campagne, et 56 p. 100 dos ouvriers y sont employés. Les grandes agglomérations sont rares en ce pays, et l'on n'y compte que deux villes ayant plus de 100.000 habitants: Stockolm et Gôteborg. ■ Cette transformation d'un peuple autrefois agricole en un peuple industriel n'alla pas sans heurts ni difficultés. Si l'on pense que dans tous les pays, même dans ceux où la grande industrie est établie depuis longtemps, la période que nous considérons fut féconde en crises et en incidents de toutes sortes, on ne s'étonnera pas de voir la Suède dans une situation analogue. Les différentes lois sociales faites sous la pression des circonstances et forcément un peu rapidement ne réussirent pas à enrayer l'excitation qui se manifestait dans les milieux ouvriers, excitation qui rendait la position intenable aux deux partis et se traduisit à la tin parla grève générale do 1909. LA LÉGISLATION OUVRIÈRE (*). LES ASSURANCES OUVRIÈRES EN SUÈDE.
Historique. — Ce fut le 3 octobre 1884 que le premier comité d'assurances ouvrières fut constitué avec la mis(*) Les statistiques du travail en Suède sont très intéressantes et très complètes et paraissent en plusieurs volumes concernant les caisses de maladies, les accidents, les grèves, les contrats de travail, etc.. La plupart des chiffres reproduits dans cet article en sont tirés. Sur les assurances ouvrières, il existe deux ouvrages allemands très étudiés, ceux du D r Zacher et de S. May. 11 a été publié sur la grève de 1909 beaucoup d'articles, dont deux sont particulièrement à retenir: l'un qui a paru dans VOesterreichische Rundschau (signé : « Un diplomate »), Vautre dans une feuille à tendances socialistes, la Correspondenzblatt der Generalkommission der Gewerkschaften Deutschlands. Ils m'ont été particulièrement utiles pour les passages de cet article qui traitent ce sujet. En outre, certaines associations patronales suédoises ont amassé des documents variés. Qu'il me soit permis ici de remercier M. le général Geijer, dont la bienveillance a facilité mes recherches et à l'amabilité duquel je dois de nombreux et intéressants renseignements.