Annales des Mines (1912, série 11, volume 1) [Image 70]

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136 ÉTUDE SUR LES GISEMENTS DE FER DE L'ALGÉRIE

faut de bancs rigides, il est impossible de suivre l'allure. Au cap Ténès, des calcaires en gros bancs verticaux appartiennent sans doute au lias moyen. Ils sont bordés au Sud par un étroit lambeau éocène (marnes et brèches calcaires à Nummulites aturica). Le lias est sans doute aussi représenté par les écailles de calcaire à minerai du djebel Hadid et des Beni Aquil (*) qui sont superposées anormalement aux argiles du crétacé supérieur. D'assez nombreux îlots triasiques existent dans la région ; ce sont des paquets de marnes bariolées et de gypse; ce dernier corps a été exploité en plusieurs points. Le miocène inférieur (càrtennien de Pomel) est constitué par des poudingues et dos grès à sa base, des marnes gréseuses à son sommet ; localement, l'une ou l'autre de ces formations passe latéralement à des calcaires à lithothamnium ; cet étage présente des affleurements assez étendus, d'une part, aux environs de Ténès, et sur les rives de l'Oued Messelmoun d'autre part; des témoins de petite dimension se rencontrent entre ces deux zones. L'helvétien marneux apparaît dans la dépression de l'Oued Allelah ; des lambeaux de quaternaire ancien bordent la mer. Quelques pointements d'andésite augitique sont à signaler. MODES DE GISEMENT. — Le fer se rencontre dans deux sortes de gisements : d'une part, ses minerais incrustent des filons ; d'autre part, ils forment des amas provenant de la transformation de bancs calcaires. Les gîtes filoniens sont très nombreux dans la région dont il s'agit ici; leur direction, leur pendage, leur épais(*) Un fossile a été recueilli dans cette dernière région; selon M. E. Ficheur, c'est un Coeloceras, indéterminable spécifiquement.

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seur sont extrêmement variables. Les orientations comprises dans l'octant Nord-Sud-Nord-Est-Sud-Ouest sont de beaucoup les plus fréquentes ; mais on en observe aussi qui sont perpendiculaires aux premières. Les filons se croisent ordinairement sans rejet ou avec des rejets de très faible amplitude. La plupart d'entre eux sont presque verticaux ; quelques-uns seulement sont peu inclinés et adoptent parfois l'allure des couches encaissantes. Les épontes sont rarement planes sur de grandes étendues et semblent gauchies sous l'effort de pressions transverses. La puissance oscille de quelques décimètres à 12 ou même 15 mètres. En direction comme en profondeur, l'éparpillement en veinules se constate souvent et, en certains endroits, ces filonnets d'hématite dessinent un réseau à mailles serrées à la surface des marnes séno-niennes. Cette dissémination rapide du minerai est un fait dont, en pratique, il convient de tenir bien compte ; elle se produit parfois à une très faible distance de la surface et, sous un chapeau où le minerai domine, on ne rencontre plus que de minces filets d'hématite ou de sidérose, anastomosés entre eux, mais dont l'ensemble est inexploitable. Le trait commun de tous ces gisements est la nature de leur remplissage, qui peut expliquer le phénomène de dispersion des substances utiles dont je viens de parler. Les débris plus ou moins triturés des terrains encaissants en constituent la plus grande partie et, comme les marnes noires du crétacé supérieur sont la principale formation sédimen taire de la région, ce sont elles qui jouent le rôle prédominant parmi les matériaux filonions. Mais on a aussi rencontré des lentilles calcaires dans les gîtes des Boni Aquil traversant le cénomanien et, do même, les poudingues et les marnes du càrtennien participent au remplissage des filons de Messelmoun. Les minerais et les gangues filoniennes se sont déposés dans les vides laissés par la masse broyée ou sur les épontes et, dans ce