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LES GAZ RARES DES GRISOUS
LES GAZ RARES DES GRISOUS
par cette voie dans l'atmosphère. La mine d'Anzin (0,04 p. 100 d'hélium) en dégage 12 mètres cubes par jour, soit 4.380 mètres cubes par an, et celle de Frankenholz (0,027 p. 100) 10 mètres cubes par jour, soit 3.650 mètres cubes par an. Ces débits sont énormes, et ils surpassent de beaucoup ceux que nous avons rencontrés dans les sources thermales les plus riches (Santenay, 18 mètres cubes par an ; Néris, 34 mètres cubes par an). Il convient toutefois de ne pas oublier, à ce propos, que les dégagements gazeux des sources thermales sont constants et durables, tandis que les soufttards des grisous s'épuisent généralement en quelques années. Et nous ignorons lequel, de l'hélium des sources ou de celui des grisous, l'emporterait si on considérait une longue période de temps. Rappelons ici l'intérêt que présentent, à un autre point de vue, les dégagements gazeux de certaines sources thermales. Si les débits des sources de Maizières et de Santenay apparaissent relativement faibles devant ceux des grisous (respectivement 1 mètre cube et 18 mètres cubes par an), les concentrations en hélium y sont, par contre, très élevées ; le gaz spontané brut renferme, à Maizières, près de 6 p. 100 d'hélium, et, à Santenay, 10 p. 100 (*)'. 2° Nous avons reconnu des traces de radium et de thorium dans les houilles d'où proviennent nos grisous (moyennes : 0,2 . 10~ 12 grammes de radium et 0,1 . 10 -5 grammes de thorium par gramme de houille). En dehors do nos déterminations, les seules, à notre connaissance, qui aient été faites relativement à la radioactivité des houilles, sont dues à Lloyd et Cunningham, de l'Université d'Alabama (Etats-Unis d'Amérique), qui, tout récemment, ont dosé le radium dans dix échantillons de houille provenant de différentes localités
et dans un lignite; la moyenne des teneurs était de 0,166 . 10— 12 grammes de radium par gramme de houille (*). Ces résultats, comme on le voit, sont en parfaite concordance avec ceux de nos dosages de radium. Si nous n'avons pas trouvé radioactifs les grisous euxmêmes, cola tient, sans aucun doute, à l'insuffisance de la sensibilité de notre méthode. Minimes, en effet, sont les quantités d'émanation que les faibles traces de radium des houilles — pour ne parler que de cet élément radioactif, dont l'émanation est à destruction lente — doivent déverser dans les grisous (**). Les infimes teneurs des houilles ou des grisous en matières radioactives peuvent-elles rendre compte des énormes débits d'hélium des soufflards ? Nous donnerons à cet égard, à titre d'exemple, le calcul suivant, relatif au grisou de Frankenholz. Le grisou qui se dégage de cette mine amène au jour, quotidiennement, 9 mètres cubes d'hélium. Pour fixer les idées, nous supposerons que la quantité totale d'hélium qu'elle aura déversée dans l'atmosphère, lorsqu'elle sera épuisée, est équivalente à celle qu'elle fournirait avec le débit actuel, et le gaz ayant partout et toujours la même teneur en hélium (0,027 p. 100), pendant vingt ans, ce qui donnerait le volume de 73.000 mètres cubes. Admettons pour un instant, en outre, que cette quantité d'hélium représente la totalité de celle qui a été produite par les matières radioactives de la houille (dont nous supposerons encore, pour simplifier, que la masse n'a pas diminué) depuis la période carbonifère, que nous ferons remonter, pour prendre un chiffre moyen parmi ceux qui
(*) Journ. de Chim.-Phys., t. XI (1913), p. 121.
(*)Amer. Ckem. Journ., L (1913), p. 47. (**) L'observation suivante confirme cette manière de voir. Jean Barrois ayant recherché, par la même méthode que la nôtre, l'émanation du radium dans trois sources d'eau des houillères du Nord de la France, il ne put la déceler (traces) que dans une seule d'entre elles.