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268 SUR LES ALLIAGES culière de présenter une surface damassée, après
qu'on l'a forgé, poli et soumis à l'action de l'acide sulfurique affaibli. Cette apparence est sans doute produite par l'action de l'acide sulfurique sur les cristaux; car, après avoir altéré les cristaux sous les coups de marteau, on peut encore en tracer les formes à travers les courbes qu'on a produites, en forgeant et en corroyant. D'après cet aspect que présente constamment la surface du wootz , il est très-probable que c'est de cet acier que sont faits ces sabres si admirés de Da-
mas; et dans ce cas, on ne peut guère douter que sur le damas lui-même les figures qu'on y
remarque ne soient tout simplement un phénomène de cristallisation. Relativement au wootz , cet effet ne dépend pas du mélange mécanique de deux métaux, comme le fer et l'acier, suriesquels l'acide agirait inégalement : c'est en effet ce qui résulte de ce que le wootz ne perd point
cette propriété par une nouvelle fusion. Il est bien vrai qu'on peut produire une surface damassée, en forgeant ensemble des fils de fer et d'acier ; mais si on fait fondre cet alliage, la surface damassée ne reparaît plus. En supposant que la surface damassée est dé-
pendante du développement d'une structure
cristalline, la supériorité du wootz peut fort bien iêtre considérée comme due à ce qu'en se solidi-
fiant, il jouit de la faculté de cristalliser d'une manière plus marquée et avec des formes plus décidées que l'acier commun. Ceci né peut s'expliquer que par quelque différence dans la composition des deux corps; et comme il a été constaté qu'il n'existe des terres qu'en petites quanttés dans le wootz , il est raisonnable d'en cou-
269 dure que les bases de ces terres étant combinées avec le fer et le carbone, rendent la masse plus DE L'ACIER;
cristallisable, et que la structure mise à découvert par le marteau, et confuse sans être détruite, est effectivement la cause de la teinte damassée.
Il est très-probable que le wootz est de l'acier accidentellement combiné avec le métal des terres l'irrégularité observée dans des échantillons dif-
férens et jusque dans le même échantillon, est d'accord avec cette opinion. Les terres peuvent être dans la mine, ou bien elles peuvent venir du creuset où se fait la fusion. En faisant l'alliage d'alumine Our imiter le vvootz , nous avons eu occasion d'observer la formation artificielle de la plombagine. Du carbure de fer, cité précédemment, ayant été pulvérisé et mêlé avec du charbon tout frais, puis fondu, s'est trouvé parfaitement converti en plombagine. Ceci n'avait point eu lieu dans toute la masse : le métal s'était fbndu promptement et avait coulé au fond; mais ayant continué à rester dans le fourneau pendant un temps considérable, la surface du bouton avait reçu une nouvelle portion de charbon et était devenue de la. plombagine. C'était une substance molle, facile à couper, brillante, salissant le papier et ayant tous les autres caractères de la plombagine, dont en effet il n'était pas possible de la distinguer. La partie intérieure de ces boutons de plombagine
était un carbure cristallin : une portion de ce carbure qui avait été pulvérisée et fondue plusieurs fois avec du charbon, refusa à la fin de se fondre. Du charbon non combiné ayant été consumé dessus à une chaleur peu élevée, on trouva que
tout l'acier avait été converti en plombagine.