Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
580.
ALLIAGES
cristallins, d'un gris plus blanc que celui du fer et plus éclatant; moins fusibles, beaucoup moins magnétiques, et beaucoup moins attaquables par les acides que ce métal : ces propriétés sont d'autant plus prononcées, que l'alliage renferme plus de chrôme. Un alliage contenant 0,60 de ce métal, ayant été chauffé au plus fort feu
de la forge d'essai, a fourni un culot bien arrondi, rempli de grosses bulles tapissées de cristaux prismatiques allongés et entre-croisés : sa cassure présentait une texture cristalline semblable, sa couleur était plus blanche que celle du platine , et sa dureté était telle qu'il rayait
aussi profondément le verre qu'aurait pu le faire
un diamant ; il s'est trouvé si fragile, qu'on a pu le réduire en poudre très-fine dans un mor-
tier d'agate ; sa poussière a conservé de l'é-
clat métallique ; il n'était que très-difficilement attaquable par les acides les plus forts et même par l'eau régale bouillante. On obtient facilement ces alliages en chauf-
fant très - fortement dans un creuset brasqué de charbon un mélange, en proportions quelconques, d'oxide de chrôme et d'oxide de fer. Mais ce moyen est dispendieux, parce que la préparation de l'oxide de chrôme , que l'on extrait du fer chrômé , est longue et coûteuse : on peut même remplacer cet oxide, par le minerai de fer chrômé , avec beaucoup d'avantage. La meilleure espèce serait celle qui se purifie le plus aisément par le lavage et qui contient le plus d'oxide de chrôme, tel que le minéral de Baltimore; mais on peut employer également, le minéral de Saint-Domingue , et même celui du département du Var bien lavé.
DU CHRÔME
Le fer chrômé, chauffé dans un creuset brasqué, s'agglutine, devient d'un gris foncé et acquiert la propriété de faire mouvoir l'aiguille aimantée ; mais il perd rarement pus de 0,05 à 0,06 de son poids, et il ne produit qu'une petite quantité d'alliage, qui s'étend à la surface du culot sous forme d'une pellicule cristalline
d'un blanc brillant, et dont une partie reste disséminée en particules très-fines dans la masse. La perte de poids provient de Poxig,ène de la por-
tion des oxides qui est réduite, et de la por-
tion de l'oxide de fer que retient la scorie et qui est ramenée à l'état de protoxide (1). Cet oxide reste combiné avec l'oxide de chrôme dans la scorie, qui est opaque, pierreuse, d'un gris noir un peu verdâtre, à-peu-près inattaquable par les acides. Ce résultat prouve combien est grande l'affinité de l'oxide de chrôme pour l'oxide du fer; car sans la présence de Poxide de chrôme , l'oxide de fer se serait compléte ment et très-facilement réduit, avec quelques substances qu'il se trouvât, lors même que ces substances n'auraient pu former entre elles qu'une combinaison tout-à-fait infusible. En ajoutant au fer chrômé un poids égal au sien de verre terreux (silice, alumine et chaux),
il produit, dans un creuset brasqué , une sco-
rie demi vitreuse, opaque, d'un gris foncé,
(1) Si de nouvelles preuves étaient nécessaires pour démontrer que le chrôme n'est pas à l'état d'acide dans le fer chrômé , on en trouverait une dans cette expérience; car l'acide chrômique serait certainement ramené par le charbon à l'état d'oside : or, il devrait résulter de cette transformation seule une perte de poids beaucoup plus grande que celle qu'on,
éprouve, etc.