Annales des Mines (1844, série 4, volume 6) [Image 38]

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ESSAI .SUR .LA CLASSIFICATION 74 dans cette chaîne de montagnes. Nous avons déjà vu que le poudingue de Belver (vallée de la Sègre)

renferme des galets de granite; on retrouve fréquemment les éléments de cette roche dans le terrain de transition des Pyrénées. J'ai observé que parmi les masses granitiques situées au milieu de ce terrain, et principalement dans l'étage inférieur, près l'axe de la chaîne, on

en voit qui diffèrent souvent un peu par leur aspect des granites que l'on trouve en contact avec

les terrains secondaires, jurassique ou crétacé. On y remarque, comme dans ceux-ci, un mélange

d'orthose et d'albite; mais le grain en est ordinairement plus fin, la texture plus serrée, et la présence de masses de granite à gros éléments y est

plus rare ; elles ont aussi plus de solidité et beaucoup moins de tendance à se désaggréger. D'après

cela, je pense que parmi les roches granitiques qui se sont injectées à travers le terrain de transition, il en est d'antérieures au soulèvement principal des Pyrénées, et que le redressement des formations stratifiées les plus anciennes de cette chaîne aura été signalé par l'apparition de roches plutoniques de cette espèce. Je ferai voir un peu plus loin que l'on ne trouve

de sources thermales sulfureuses que dans les niasses granitiques qui accompagnent le terrain de transition, et non dans celles qui se trouvent au milieu des terrains jurassique et crétacé : peutêtre le voisinage des roches de transition est-il nécessaire à l'existence de ce genre de sources, mais

aussi il est possible que leur existence tienne à une certaine différencede nature dans les roches granitiques. D'ailleurs on peut tirer une autre induction de

DU TERRAIN DE TRANSITION DES PYRÉNÉES. 75

la présence des porphyres quartzifères, qui dans

la plupart des contrées ont fait éruption à des

époques un peu anciennes. Le granite qui constitue la partie supérieure de la vallée d'Ossau , à

partir des Eaux-Chaudes, est traversé par des filons de porphyres dont la pâte est d'un gris bleuâtre, et qui renferme beaucoup de cristaux de quartz et d'albite. Ce porphyre quartzifère coupe fréquemment le terrain de transition : ainsi dans la vallée de Cauterets, on en voit plusieurs filons

injectés entre les couches de schiste argileux; niais je n'ai jamais remarqué ni entendu dire que ces porphyres aient soulevé le terrain de craie ou pénétré dedans. Si réellement ces porphyres sont antérieurs à la formation crétacée, ce qui est encore incertain , à plus forte raison le granite qu'ils tra.

versent doit être plus ancien. Ce granite est à grains moyens; on y voit beaucoup d'albite mélangé d'un peu d'orthose, d'un gris blanc avec une teinte bleuâtre. Le mica en est noir et brun, accompagné de feuillets talqueux verdâtres et de quelques cristaux d'amphibole. Cependant une grande partie des niasses grani-

tiques des Pyrénées parait être fort moderne et postérieure au terrain crétacé comme l'a fait voir M. Dufrénoy; cependant la supposition d'un gra-. nite aussi récent paraît anomale et l'on hésite à l'admettre de prime abord. Pour lever tous les doutes, j'ai exploré en beaucoup d'endroits la ligne de contact du granite et du calcaire crétacé, espérant trouver quelque part l'injection de l'un dans l'autre; mais généralement mon attente a été trompée ; il est très-difficile d'observer cette pénétration d'une manière bien évidente, quoique l'on voie à l'approche du granite le calcaire deve-