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HISTOIRE DES ACIÉRIES
leur fabrication serait fondée sur l'emploi des fers du royaume. La vraie solution que les sieurs Sanche et Patry avaient trouvée au prix de tant de sacrifices et d'efforts, fut donc considérée comme non avenue. Dès le mois de mai 1783, Sanche dut quitter tout à coup la voie où il travaillait depuis longtemps, d'après les indications qu'il avait puisées dans les écrits de Jars, pour se mettre à la recherche des fers indigènes propres à la fabrication de l'acier. Pendant quatre années, ce courageux fabricant dut lutter contre les difficultés que lui suscitaient le manque de capitaux et l'imperfection des fers indigènes. Pendant cette est que l'acier marqué croix de Lorraine, est supérieur » de beaucoup à celui d'Angleterre , que le seul défaut » étoit de manquer un peu de netteté, ce qui provient uni» quement du peu d'expérience des ouvriers qui ne sont » point habitués à le forger. Je me flate qu'ils ne tarde» ront pas à acquérir les degrés de perfection désirable. » Amboise, 5 juin 1783. Lettre du sieur Sanche à M. l'intendant
général des finances.
Les gercures seroient un défaut qui prouveroit que » le fer de France ne seroit point propre à être converti » en acier ; il est vrai qu'il a naturellement ce défaut, » niais je suis parvenu à lui enlever les parties arsenicales, qui sans doute les occasionnoient. C'est par cette » raison que je me suis empressé de vous faire passer cette nouvelle épreuve. Dans l'essai que j'en ai fait faire, on a remarqué qu'il se forgeoit et se soudoit très» ne donnoit pas de gerçures, prenoit la trempe la bien'dure possible et formoit" un grain de la dernière fi» plus nesse. La seule chose que j'ai cru y apercevoir, c'est en effet quelques petites cendrures, mais imperceptibles, qui
ne proviennent uniquement que du peu d'attention que » l'on porte dans les forges à la fabrication du fer. Je me » propose bien de rectifier ce défaut important. Amboise, 21 juin 1783.Lettre du sieur Sanche à M. l'intendant général des finances.
DE CÉMENTATION.
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période difficile, il dut s'appliquer principalement à perfectionner, dans les forges à fer, la fabrication de la matière première qu'on lui imposait, au
lieu de se livrer à la question essentielle, la fabrication des aciers bruts et ouvrés. A force d'adresse, de tact et de persévérance, Sanche atteignit enfin son but : en continuant à employer le fer de Suède pour sa fabrication courante, il fonda la ré-
putation commerciale de sa manufacture, et il donna satisfaction aux préoccupations patriotiques de ses protecteufrs en faisant constater par des expériences officielles, que les aciers provenant de
certains fers du Berri, auxquels des soins tout particuliers avaient donné une grande pureté, égalaient en qualité les meilleurs aciers étrangers. Il s'excusa d'avoir employé jusque-là les fers de Suède, en représentant que les forges du royaume ne pouvaient actuellement fournir de bons fers à acier; qu'il suffisait d'avoir prouvé que les fers indigènes, fabriqués par des méthodes particulières, pouvaient être convertis en bon acier ; que la fabrique d'Amboise , lorsqu'elle serait enfin consti-
tuée et pourvue de capitaux suffisants, pourrait elle-même préparer ses fers à acier dans des forges qu'elle exploiterait à cet effet. Enfin, à la suite de rapports favorables présentés, vers la fin de l'année 1786, par Sage, Vandermonde, Monge, Berthollet et le baron de Dietrich,
le gouvernement accorda les priviléges qui lui étaient demandés. La fabrique d'Amboise prit le nom de manufacture royale d'acier fin et fondu: un patronage puissant, d'abondants capitaux lui furent assurés; en moins d'un an, la manufacture pourvue de douze grands fours de cémentation, de quarante martinets et de quatre-vingts forges à