Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 125]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

252

EXPLOSION D'UN CALORIFÈRE A EAU CHAUDE

et ces tubes eux-mêmes restent alors ouverts. Quand l'appareil est plein jusqu'à l'évent, on ferme celui-ci et l'on porte le liquide à l'ébullition ; la vapeur chasse l'air des tubes d'expansion ; ceux-ci sont hermétiquement fermés à leur tour

de sorte que le vide s'y produit chaque fois que l'appareil se refroidit, et que, quand il s'échauffe, ce vide se remplit de vapeur à une pression correspondante à la température, et laisse à l'eau toute la place nécessaire pour se dilater. Pendant que l'appareil est en activité, l'eau chaude doit s'élever par le tube d'ascension, se refroidir dans les circulations horizontales, puis redescendre dans la partie en spirale où elle s'échauffe

de nouveau pour recommencer le même mouvement. La cause déterminante de ce courant circulatoire est la différence de densité de l'eau chaude ascendante et de l'eau froide descendante. Pour qu'un calorifère de ce genre puisse

il est absolument nécessaire que l'eau se refroidisse avant de redescendre : sans cela les colonnes ascendante et descendante ayant la même densité, il n'y aurait aucune raison déterminante de mouvement. La circulation sera d'ailleurs d'autant plus rapide qu'il y aura plus de différence de n- iveau entre le point d'échauffement et les circulations horizontales dans lesquelles se fait la déperdition de chaleur. C'est pour cette raison que dans tous les calorifères bien construits, le foyer est à un étage inférieur fonctionner,

aux appartements qu'il s'agit de chauffer. Toutes ces conditions d'un bon établissement ont été négligées dans l'appareil de la maison située rue Louis-le-Grand, 33. Il y existe deux calorifères accouplés dans le même foyer; le fourneau est dans un cabinet au second étage : or le cabri-

RUE LOUIS-LE-GRAND, A PARIS.

253

fère est destiné à chauffer ce second étage luimême et quelques pièces seulement d'un étage supérieur pris en entresol. La différencemaximum de niveau entre le foyer et les tubes d'expansion

ne dépasse pas trois mètres, les circulations se trouvent d'ailleurs réparties comme il suit : i" Calorifère. 8 mètres de circulation horizon-

tale à 3 mètres au-dessus du niveau du foyer, 85 mètres au niveau de ce foyer, ou même à quelques centimètres au-dessous. 9: Calorifère. 25 mètres de circulation horizon-

tale à 3 mètres au -dessus du niveau du foyer, 148 mètres au niveau de ce foyer, ou même à quelques centimètres au-dessous.

Les circulations au niveau du foyer n'étaient parcourues qu'après celles de l'étage supérieur; pour qu'elles chauffassent l'appartement, il fallait que l'eau y arrivât encore chaude, c'est-à-dire qu'il n'y eût qu une différence insignifiante de tem-

pérature, et par conséquent de densité, entre les colonnes ascendante et descendante. Il n'y avait donc aucune cause de circulation dans l'a ppared; l'eau devait y prend re une température et la vapeur une tension excessivement élevées;

aussi avant le dernier accident y a-t-on remarqué des fuites fréquentes. Enfin cet accident lui-même a été produit par une fuite qui a ouvert, sur Orn,20 de longueur, la soudure de l'un des tubes plongés dans le foyer. Le jet de vapeur a détruit une partie de la maçonnerie du fourneau; son expansion

a brisé deux carreaux d'une porte vitrée, les

cendres et les charbons ont été lancés avec l'eau chaude dans un corridor. Cet accident pouvait causer des blessures dangereuses, si quelqu'un eût été présent; il n'a