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786 CIRCULAIRES. L'utilité des travaux étant reconnue, je touche à la partie importante de vos fonctions, l'exécution. Une administration n'est grande et forte qu'à la condition de rencontrer dans ses agents intelligence, activité,
probité. A ce titre, la France peut être fière, je le sais, du concours qu'elle a reçu jusqu'ici du corps des pontset-chaussées. J'ai donc le droit de vous demander beaucoup, et de compter sur la force que vous avez en vous et que vous pouvez me donner. J'y compte. Ce que je vous demande, en conséquence, à vous et à vos collaborateurs, c'est une surveillance de tous les instants sur les travaux,
sur les entrepreneurs et sur les agents qui sont chargés de contrôler leurs opérations. La surveillance est tout à la fois une garantie d'ordre et de moralité. Mais ce n'est pas tout à ces qualités irons devrez joindre encore une économie sage et éclairée, qui sache concilier, avec habileté, les intérêts de l'art, que la République ne sa urait méconnaître, et les besoins de l'industrie,
qu'elle veut avant tout satisfaire. Soyez toujours attentif à tout_ ce qui se passe dans les ateliers de travail. La République demande à tous ses ci-
toyens le concours de toutes leurs forces actives; en échange, elle veut leur donner à tous le juste prix de leurs forces dépensées. Partout la récompense doit être proportionnée aux services rendus. A cet égard, il importe que
votre vigilance auprès des entrepreneurs ou des chefs d'atelier ne soit jamais en défaut. La commission de l'organisation du travail s'occupe avec dévouement de la solution d'un grand problème ; l'Assemblée nationale prononcera. Jusque-là, le peuple de Paris l'a compris, les conditions du travail doivent être librement débattues entre le patron et l'ouvrier ; mais est-ce à dire que, en cela, le Gouvernement n'ait rien à faire? Non; sort devoir est de veiller aussi à ce que
ces débats se résolvent toujours dans les limites d'une exacte justice. Si donc des discussions s'élèvent, avertissez-moi sur-le champ ; au besoin , intervenez comme
conciliateur. Le Gouvernement a suivi cette marche à Paris, et il n'a eu qu'a se louer des résultats obtenus. Votre conduite, au reste, est soumise à cette loi bien simple : aidez partout au triomphe de ces grands principes
d'égalité et de fraternité que la République a fait sortir
787 les faire entrer irrévocadu domaine de la théorie pour blement dans le domaine des faits. Je vous demande particulièrement toute votre sollicitude, toutes les fois que les contestations entre les patrons et les ouvriers causeraient une interruption de travaux qui serait de nature à compromettre les intérêts généraux de l'industrie ; car alors, et dans ces intérêts mêmes,qui sont les intérêts de la patrie, le Gouvernement aurait des mesures énergiques à prendre, et il ne manquerait pas à ce devoir. CIRCULAIRES.
Dans les circonstances glorieuses, mais difficiles, où nous
nous trouvons placés, l'industrie, accidentellement languissante, peut laisser dans vos localités des bras inoccupés ; Paris vous donne l'exemple de ce que vous avez à faire. Chacun, vous le comprenez, doit prendre sa part des sacrifices ; entendez-vous avec les maires des 'communes, avec les principaux propriétaires. En attendant que l'agriculture sollicite le secours des bras dont elle aura bientôt besoin ; en attendant que les industries particulières puissent se rasseoir, ouvrez aux hommes sans ouvrage des ateliers nationaux. Toutes les fois que vous
m'indiquerez, dans le cercle de mon département, des travaux utiles au pays, je m'empresserai d'apporter mon concours. Si les entreprises auxquelles s'appliquent les allocations de l'année 1848 ne se trouvaient pas à la por-
tée des existences les plus menacées, vous devrez me pro-
poser tous les virements de crédit qui vous paraîtront nécessaires pour atteindre le but que je vous signale, et j'y donnerai mon approbation. Toutefois, pénétrez-vous bien de cette idée : l'Etat ne peut qu'aider ceux qui s'aident ; toutes les communes, tous les citoyens doivent donc concourir, avec un dévouement égal, à l'accomplissement de cette grande oeuvre.
Les travaux dont le service vous a été confié, distribués avec intelligence et avec une sage appréciation des besoins du pays, peuvent contribuer puissamment à la création, au développement , à la conservation de la fortune publique; au bien-être, à la moralité des populations; au progrès même de la civilisation ; vos fonctions sont donc, dans l'Etat , des fonctions éminentes ; c'est vous dire que toute négligence dans leur accomplissement serait coupable.