Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
SUR LES DUNES
DU GOLFE DE GASCOGNE.
trace d'argile. Elle a de plus brisé les gros grains et sensiblement oblitéré les angles. Les sables se présentent avec leur plus grande ténuité dans les parties culminantes des dunes, et l'on remarque que leur grosseur est la plus grande vers les extrémités de la chaîne et sur le littoral même de la mer. Il arrive en effet que le vent ne peut entraîner à de grandes hauteurs que les sables ténus. De plus, les violentes raffales du NordOuest et du Sud-Ouest, qui se font fréquemment sentir dans ces parages, poussent incessamment les sables vers la partie centrale de la chaîne, et de là l'explication des proportions considérables, suivant lesquelles elle s'y développe. On a déjà signalé comme trait caractéristique du relief des dunes, les pentes douces que présentent les versants tournés du côté de la mer, tandis que sur les autres versants , les sables se sont disposés suivant des talus d'une grande roideur. Le mode de formation des dunes rend immédiatement raison de cette configuration. C'est en effet sur les versants à pente douce que s'élèvent les sables poussés par l'action du vent, et lorsqu'ils s'écroulent du haut des cimes, ils prennent naturellement les talus propres à leur nature de matière meuble. Ce talus varie pour les sables ordinaires de 32 à 40°, et la fréquente rencontre de pareilles rampes rend la traversée des dunes très-pénible. La fatigue et la difficulté du parcours s'accroissent en outre par suite de la mobilité du sol, et le pied pénètre maintes fois assez profondément pour que l'on ne puisse pratiquer une espèce d'escalier, seul moyen de franchir ces fortes inclinaisons. Quelque prononcée que soit cette déclivité, elle
parait de prime abord beaucoup plus forte qu'elle ne l'est en réalité. C'est une des illusions dont on doit le plus se garder quand on parcourt un pays accidenté, et les observateurs novices, ou qui ne se servent pas d'instruments pour mesurer les pentes, sont exposés à commettre de singulières erreurs. Les surfaces des dunes qui regardent la mer sont en général légèrement concaves, et les tangentes forment avec l'horizon des angles de dimension
262
263
variable, mais qui sont ordinairement compris entre 8 et 15'. Quelques déclivités sont toutefois plus considérables, et l'on en rencontre qui dépassent no°.
Si pendant un ouragan les grains de sable étaient brusquement portés dans l'air, ils décrit raient, sous la double influence de l'action du vent
et de la pesanteur, des trajectoires d'autant plus longues et se rapprochant plus de l'horizontabilité que la vitesse de l'air serait plus considérable et la densité du sable moindre. Sur un plan incliné, le mouvement n'est plus le même. Il faut répartir
l'action du vent entre deux composantes, l'une normale, l'autre parallèle à la direction du plan. Cette dernière tend seule à entraîner le Sable, et il est clair qu'elle est d'autant plus forte que la pente est plus faible. Elle n'a plus, en outre, à vaincre que la partie du poids qui correspond à la composante parallèle à l'inclinaison, composante d'autant plus faible que cette inclinaison est moindre.
Une autre résistance se produit encore, il est vrai, due aux frottements réciproques des grains de sable, et elle est d'autant plus grande que le vent est plus fort. Si les grains étaient bien sphériques, et que la surface du plan fût nette et polie,