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LETTRE DE M. DU TREMBLEY. 28 2
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MACHINES A VAPEURS COMBINÉES.
beaucoup à désirer sous le rapport de l'application du principe du système binaire. Trois mois après la rédaction du rapport de la commission de Marseille, un ingénieur anglais, M. G. Rennie,
de Londres, faisait la traversée de Marseille à Philippeville, envoyé par une société qui se formait à Paris
pour la navigation transatlantique. A son retour et après l'examen le plus attentif de la consommation du charbon et de la perte du liquide auxiliaire, cet ingénieur, qui avait fermé les soutes à clef, constatait dans un premier rapport (qui n'a pas été livré à la publicité et dont l'original, resté entre les mains des directeurs, a décidé cette société à faire l'acquisition des brevets) que la quantité de charbon consommée était de 86 kilogrammes par heure au lieu de 78 kilogrammes, chiffre trouvé par les ingénieurs français. La consommation antérieure étant de 3o6 kilogrammes, l'économie restait de 73,7 p. ioo. Ceci prouve que les conditions de marche n'ont pas changé d'une manière sensible. il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que lors de l'examen des ingénieurs français je faisais la traversée avec eux et que je surveillais avec grand soin la direction des feux. Une moins grande attention de ce côté et une perte de vapeur d'eau en excès par la soupape de sûreté expliquent suffisamment cette différence. Depuis, M. G. Rennie a remis un second rapport livré à la publicité par les directeurs de la société transatlantique dans lequel il a été, il est vrai, beaucoup plus réservé.
Des essais viennent d'être faits à Lorient pour le compte de l'État et pour expérimenter comparativement le système des machines binaires entre le Bisou, muni de machines ordinaires, et le Galilée, portant une machine binaire Ces essais , dirigés par M. Lafont ,
lieutenant de vaisseau, bien que n'ayant pas eu un succès complet, ont donné d'après le témoignage de cet officier, qui nous en a communiqué les résultats, une économie sur le combustible de plus de 5o p. ioo
et un accroissement de vitesse en faveur de ce dernier. Vous pouvez juger par ces faits que l'emploi du sys-
tème binaire justifie pleinement les espérances qu'il avait fait concevoir. La marche assez longue du Du Trembley, qui emploie
l'éther sulfurique pour liquide auxiliaire, a résolu quelques questions d'une hante importance : L'emploi de ce liquide n'a donné lieu à aucune espèce d'accident ni même d'inconvénient ; les précautions prises sont donc suffisantes, puisque par les plus gros temps
les fuites de liquide ou de vapeur n'ont point été plus considérables. 2° La perte de liquide résultant de ces fuites n'a pas été plus grande après sept mois de marche
que celle constatée dans les premiers voyages, ainsi que je puis en justifier par une lettre que m'ont écrite MM. L. Arnaud et Touache , en date du 15 décembre courant, et par laquelle ils m'annoncent qu'on n'a pas eu à réalimenter d'éther pendant la dernière traversée. Si cette perte a été parfois plus considérable, cela tient à la surveillance exercée sur les robinets et soupapes de sûreté de l'appareil à éther, mais nullement aux appareils de vaporisation et de condensation proprement dits, ni aux divers joints fixes ou mobiles de la machine. La machine de la cristallerie de la Guillotière, à Lyon, qui marche depuis six années, ne dépense pour 25 chevaux-vapeur d'éther que 1 litre 1/4 (moins de 1 kilogramme) par jour de quatorze heures de travail.
Cette machine, la première de ce genre qui ait été livrée à l'industrie , est très-imparfaite sous le rapport de l'emploi total de la vapeur d'eau d'échappement et de sa chaleur; mais la régularité et la longue durée de sa marche fournissent des renseignements certains sur la consommation de l'éther sulfurique, le plus difficile à contenir des liquides auxiliaires, et sur son innocuité complète sur les métaux qui composent la machine. En effet, depuis que cette machine a commencé son service, en novembre 1847, jusqu'à ce jour,