Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 11]

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SUR LES TORRENTS DES ALPES.

ÉTUDES

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épanouit en quelque sorte, ce qui établit entre eux une liaison aussi intime que celle qui existe entre une feuille et ses nervures. Les ramifications supérieures sont peu profondes ; elles remontent jusqu'au sommet des escarpements en peut les présentant des inclinaisons telles qu'on ne gravir. Elles ne sont presque jamais encombrées de

cailloux, la pente étant trop forte pour que ceux-ci puissent s'y arrêter. Le tronc auquel viennent aboutir

ces ramifications est comparativement beaucoup moins incliné; il est ordinairement encaissé entre des berges abruptes dont la hauteur augmente à mesure que l'on descend. On y observe toujours des amas plus ou moins considérables de débris de rocher de diverses grosseurs qui proviennent soit des ramifications supérieures, soit directement des berges escarpées entre lesquelles il est compris. Ces débris, que le temps détache sans cesse, s'accumulent peu à peu. Les plus gros offrant une ré-

sistance que les courants d'eau pluviale ne peuvent vaincre, restent en place. Les autres sont disséminés dans toute l'étendue du canal de réception, jusqu'à ce que, par l'effet d'une crue extraordinaire, ils soient transportés en masse et presque d'un seul bond dans l'intérieur des plaines.

La longueur du tronc d'un canal de réception mesurée jusqu'au point où le dépôt des déjections commence est trs-variable. Elle peut être de plusieurs lieues lorsque le bassin appartient au quatrième type. Nous citerons comme exemples les gorges longues et sinueuses par lesquelles on est souvent obligé de passer lorsqu'on pénètre dans l'intérieur d'une chaîne de montagnes. D'autres fois le canal n'a qu'un tronc

très - court qui, dans certains cas, peut même se

réduire à un point, ainsi qu'on le voit dans quelques

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bassins ayant les caractères du premier ou du second type.

Le lit de déjection comprend, comme on l'a dit plus haut, l'espace où les matières de transport venant du bassin de réception se déposent en quantité plus ou moins grande. Son emplacement le plus ordinaire est à

l'issue de la gorge par laquelle le torrent débouche dans la plaine, parce qu'en cet endroit les eaux ne sont plus encaissées et que la pente du sol devient moindre. En s'accumulant sans cesse, les matières déposées donnent lieu à un amas d'une forme caractéristique. C'est un cône très-aplati dont le sommet est à l'entrée de la gorge, et qui à partir de là s'étale dans un espace demi. circulaire. Ses arêtes, bien dressées, ont une pente qui dépasse rarement 7 à 8 centimètres par mètre et qui diminue de plus en plus en descendant, de manière à se raccorder avec la plaine. Elles sont par conséquent légèrement concaves vers le ciel. Les déjections, ainsi entassées, offrent un mélange confus de cailloux et de blocs de toutes grosseurs, les uns anguleux et les autres

arrondis, souvent cimentés par une boue argileuse. Leur surface est empiétement stérile ; leur aspect est celui d'un monceau de ruines. Le torrent, quand il est tranquille, coule ordinairement sur leur arête culminante. Cela résulte de ce qu'en sortant de la gorge, il est précisément dirigé suivant cette arête, où il se creuse peu à peu un sillon assez profond pour qu'il puisse s'y maintenir. De cette position élevée, il menace à droite et à gauche les terres cultivées situées dans. le voisinage, et presque toujours il les atteint lorsqu'une forte crue amène un débordement.

L'aplatissement plus ou moins grand d'un cône de

déjection, ou, en d'autres termes, l'ouverture de l'angle que son axe fait avec les arêtes dépend de la

Lits

de déjection.