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ÉTUDES
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SUR LES TORRENTS DES ALPES.
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nés par les filets d'eau pluviale et poussés par la pesan-
c'est lorsqu'il est parvenu à se creuser un lit profond et étroit dans l'intérieur d'anciens dépôts caillouteux que l'on ob3erve souvent au pied des grands rochers
sidérables de cailloux prêts à être transportés. La seconde source des matières charriées est la destruction des berges du torrent, soit que celles-ci éprouvent une dégradation lente comme les rochers dont nous venons de parler, soit qu'étant minées à leur base par l'action érosive de l'eau, elles s'éboulent en grande masse. Cette érosion est surtout active lorsque le sol est formé d'une matière friable, telle, par exemple, que le schiste argilo-calcaire qui constitue assez fréquemment le flanc des montagnes alpines. Les détritus de cette substance sont toujours abondants ; ils se réduisent en poudre et donnent lieu, en se mêlant avec l'eau, à une boue noire et tenace qui domine dans certains lits de dé-
escarpés. Les amas de débris qui ont été produits par ces rochers ne sont pas en effet tous du même
teur, se réunissent peu à peu au fond du canal de réception, où ils forment des approvisionnements con-
jection. Lorsqu'un torrent est profondément encaissé dans le sein d'une pareille roche ou de toute autre d'une faible cohésion, il arrive même en général que le terrain en
entier, avec tout ce qui se trouve à sa surface jusqu'à une grande distance, descend lentement vers le canal de réception et tend à s'y abîmer. Ce mouvement est incessant, parce que les eaux torrentielles, en balayant à chaque crue les matières qui tombent au fond du lit, enlèvent constamment aux couches le point d'appui nécessaire à leur stabilité. Les terrains soumis à
de pareils glissements ne sont pas rares dans les Alpes ; on les reconnaît à leur surface mamelonnée
d'une certaine façon, et au défaut de verticalité des arbres dont les tiges s'inclinent en même temps que le sol.
ll est un autre cas où le torrent tire de son canal de réception une grande partie des matières qu'il charrie,
âge. Il en est qui se forment et s'accroissent sous nos yeux ; ceux-là ont en général une surface trop mobile pour que les eaux puissent y creuser des sillons bien profonds. Les autres, stationnaires depuis une époque immémoriale, sont même recouverts de bois touffus. Leur épaisseur et leur étendue en font de véritables terrains qui datent très-probablement du commencement de la période géologique actuelle , alors que les agents de dégradation opéraient sur une plus grande échelle que de nos jours. Lorsqu'a la suite d'un défrichement imprudent ou par l'effet d'une crue violente, les eaux sont parvenues à entamer la surface de ces anciens amas de débris et à s'y loger, elles y trouvent un magasin inépuisable de matières meubles qu'elles n'ont qu'a prendre et à transporter. En résumé, les cailloux qui alimentent sans cesse la masse des matières charriées par les torrents ne résultent pas, comme on pourrait le croire au premier abord, de la destruction de rochers en place opérée par de fortes crues. Ce sont en général des débris déjà détachés et incohérents au moment où ils sont saisis par les eaux. Les uns sont le produit de la dégradation actuelle et incessante des rochers inclinés, les autres ont une origine pareille, mais plus ancienne, et remontent au delà des temps historiques. Ce fait explique comment les cailloux charriés par un torrent au moment d'une crue excessive, sont quelquefois en quantité si considérable que leur volume égale ou même surpasse celui de l'eau qui leur sert de véhicule.