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SUR LES TORRENTS DES ALPES.
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ÉTUDES
L'épaisseur de cette couche est proportionnelle au degré de force de la crue. Il est à remarquer qu'un transport en masse est toujours précédé et suivi d'un transport partiel ; car les eaux n'acquièrent ni ne perdent tout à coup la force nécessaire pour pousser à la fois
tous les cailloux du lit. E en résulte, d'après nos définitions , qu'une crue n'est excessive que pendant une période de temps limitée , lorsque la puissance impulsive du courant a atteint un certain degré d'intensité.
Cette période peut être très-courte et même ne durer qu'un instant. Il faut en général des circonstances météo-
rologiques exceptionnelles, pour que les matières de transport d'un torrent soient charriées toutes à la fois. Aussi les crues modérées sont-elles bien plus fréquentes que les crues excessives ; elles sont aussi beaucoup plus longues. Certaines crues torrentielles dont nous parlerons bientôt sont tellement subites, qu'on ne peut distinguer
chez elles un accroissement ni un décroissement régulier. Elles sont spéciale's aux petits torrents et à quelques torrents moyens. Les autres crues, surtout celles des grands torrents et des rivières torrentielles, durent au moins quelques heures, et se prolongent quelquefois
pendant plusieurs jours. Elles offrent alors deux périodes, l'une ascendante et l'autre descendante, qu'il importe de distinguer, car pendant chacune d'elles l'action du courant sur le fond du lit est moyennement très-différente. Pendant la période ascendante, le cours d'eau n'est pas en général saturé de matières de transport, et même plus il grossit, plus il s'éloigne de cet état. Cela tient à ce qu'il faut beaucoup plus de force à un courant pour détacher un caillou du fond du lit que pour le rouler, et en outre à ce que la difficulté de
l'érosion augmente avec le nombre des cailloux en mou-
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veinent. Pour ces deux raisons, la force d'un torrent qui grossit reste en excès sur celle qui est strictement nécessaire pour le transport des cailloux déjà en mouvement, et même cet excès va en augmentant. Il faudrait que sa puissance d'entraînement éprouvât quelque part une diminution énorme, pour qu'il y eût alors un dépôt.
Dès que la période de décroissance survient, la tendance à l'affouillement cesse, puis les matières charriées se meuvent avec une vitesse de moins en moins grande ;
enfin, il survient un instant où elles com-
mencent à se déposer sur les points où la puissance d'entraînement est la plus faible, et par conséquent dans le lit de déjection. Une fois que le dépôt a commencé en cet endroit, il continue sans interruption. C'est une espèce de point d'arrêt pour toutes les matières en mouvement, tant que dure leur transport. Nous appellerons cette phase de la crue sa période de saturation. Lorsqu'une crue se prolonge en décroissant, tous les gros cailloux s'étant déposés, les autres s'épuisent ; alors la saturation cesse et les eaux peuvent reprendre une partie des graviers déposés précédemment. L'érosion recommence, mais sur quelques points seulement
et dans une faible mesure. L'action d'une même crue sur les matières meubles du lit est donc essentiellement variable. Pendant la période ascendante il y a une tendance toujours croissante à l'érosion. Lorsquesurvient la période descendante, les dépôts commencent à se former. Enfin, si la décroissance est de longue durée, il y a encore un changement de signe, et les eaux redeviennent affouillantes.
L'expérience confirme en tous points ce que nous venons de dire. Lorsqu'une crue torrentielle a assez de force pour miner à leur base et faire écrouler des digues,