Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 21]

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ÉTUDES

ils sont s'ils avaient été invariablement liés entre eux :

le résultat d'un transport en masse. Dans la couche supérieure il y a eu au contraire triage ; les eaux ont laissé les gros galets et en ont. extrait le sable et les le petits cailloux qui sont allés se déposer ailleurs ; transport a été partiel. L'art de préparer mécaniquement les minerais nous fournit un autre exemple de ces deux sortes de transport bien propre à en faire ressortir la différence. Lorsqu'un minerai a été bocardé et classé par le dépôt, c'est-à-dire amené à l'état d'un sable dont toutes les molécules sont à peu près de la même grosseur, il reste à séparer par le lavage les parties métalliques de la gangue. Pour cela on étend la matière en couche sur une table inclinée où l'on fait couler une nappe d'eau très-mince. Cette eau emporte peu à peu les particules terreuses et laisse les grains métalliques qui à raison de leur densité résistent à l'entraînement ; le transport est alors partiel. Mais, si par accident, au lieu d'une lame d'eau très-mince, on fait arriver un courant considérable, en un instant tout ce qui se trouve densité et dc sur la table est balayé sans distinction de Ce qui se passe volume ; le transport s'opère en masse. dans ce cas sur la table de lavage, est la représentation exacte de ce qui a lieu en grand dans le lit d'un torrent suivant qu'une crue est faible ou très-forte. Considéré au point de vue du régime, un torrent Régime des torrents. peut affecter trois états différents qui sont le régime normal, la crue modérée et la crue excessive.

Nous entendons par régime normal l'état ordinaire pluie ni d'un torrent lorsque n'étant grossi ni par la par la fonte des neiges, il se trouve à sec ou alimenté seulement par des sources intarissables dont le volume varie lentement suivant les saisons. Ce régime est ca-

SUR LES TORRENTS DES ALPES.

ractérisé par le repos des matières de transport. Cela est rigoureusement exact pour les torrents dont le régime normal est la siccité complète ; cela est encore vrai pour les autres si l'on fait abstraction du limon tenu en suspension et du sable dont l'eau courante roule toujours quelques particules. Ce repos des matières de transport est facile à expliquer. Lorsqu'un cours d'eau, après une crue accidentelle, revient à son état normal, il éprouve

une diminution notable dans sa puissance d'entraînement et par suite la plupart des graviers en mouvement s'arrêtent. Ceux qui, à raison de leur légèreté, continuent à marcher, finissent par arriver dans une région du lit où l'affaiblissement toujours croissant de la pente les force à se déposer. Au bout d'un certain temps il s'établit nécessairement un équilibre entre l'action du courant et la résistance du lit dans toute son étendue. A partir de ce moment, si le torrent charrie encore quelques matières, elles ne proviennent pas du fond du lit

devenu inattaquable, mais des berges exposées à des dégradations accidentelles.

La crue modérée est celle qui interrompt le régime

normal d'un torrent en donnant lieu à un transport pariiel des matières renfermées dans son lit. On a vu précédemment ce qu'était le transport partiel. La crue modérée se trouve ainsi définie d'une manière précise. Les crues de cette espèce peuvent être plus ou moins fortes et leur degré d'intensité a pour mesure exacte le nombre et la grosseur des cailloux qu'elles déplacent. La crue est excessive toutes les fois que les matières

meubles du lit sont transportées en masse. Dans ce cas, ce ne sont plus des cailloux isolés que les eaux détachent et entraînent successivement, c'est une couche entière de gravier mêlé de sable et de gros blocs, qui

est mise en mouvement comme d'une seule pièce.