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ÉTUDES 46 rectification n'est pas indéfinie ; elle est, au contraire, comprise entre des limites assez étroites; si elle n'atteint pas le degré voulu, on échoue complétement. Malheu-
reusement c'est le cas le plus ordinaire. Souvent, surtout pour les torrents des deux premières classes, l'inefficacité de l'endiguement est si peu douteuse que l'on se garde bien d'y avoir recours. On prévoit qu'au bout de quelques crues, l'intérieur des digues serait nivelé jusqu'à leur couronnement. D'autres fois, l'insuccès étant moins évident d'avance et de grands intérêts exigeant que l'on se mette à l'abri, on essaye des travaux défensifs où l'on déploie toutes les ressources de l'art. Pendant quelques années, on croit avoir réussi ; puis il survient une crue extraordinaire, et à la suite une avalanche de cailloux qui comble les digues, bouche l'ouverture des ponts et ensevelit les routes. Toutes les dépenses qui avaient été faites sont perdues (1). Un antre reproche que l'on peut faire à ce système de défense, c'est que même en cas de succès, il n'est pas exempt d'inconvénients. Supposons que l'on soit parvenu à augmenter assez la vitesse d'un torrent dans son lit de déjection pour qu'il n'y ait plus de dépôt, les matières entraînées plus loin ne sont pas par cette raison anéanties (2). Comme en général la pente du lit va toujours en diminuant, elles se déposent en aval et créent
SUR LES TORRENTS DES ALPES.
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on parvient à les pousser jusqu'à la rivière qui reçoit les eaux torrentielles, celle-ci à son tour est encombrée. Le raisonnement que nous avons fait pour le torrent est exactement applicable à la rivière, et comme en défini-
tive on ne peut espérer de faire arriver jusqu'à la mer qu'une faible partie de la masse des matières charriées, il en résulte que tous les travaux entrepris dans le but de les pousser en avant n'aboutissent qu'à déplacer le mal et non à le supprimer. Ils sont inutiles, si, au lieu de considérer une portion déterminée d'un bassin, on l'embrasse dans son ensemble. Nous ajouterons que l'endiguement, quand il est
exécuté sur une grande étendue, a l'inconvénient de précipiter les eaux en aval et d'y produire des crues plus fortes et plus soudaines , ce qui est un changement de régime désavantageux.
En résumé, le premier procédé pour supprimer un lit de déjection est souvent impraticable, ou bien son succès est incertain. Quand il réussit il ne fait que déplacer le mal. Il est donc très-défectueux et doit être abandonné.
Il reste le second procédé ; nous avons à démontrer qu'il est possible, applicable à tous les torrents, et qu'il n'offre pas les mêmes inconvénients que le premier ;
ici commence la partie la plus importante de notre
de nouveaux dangers. Si en diguant de proche en proche,
tâche. Nous examinerons d'abord de quelle ressource
(i) Ces mécomptes sont connus de tous les habitants des
divers points du grand dépôt des déjections du Vénéon et de la Romanche dans /a plaine du Bourg -d'Oisans ( Isère), nous ont appris que sur ioo parties en volume de ce dépôt, il y en avait au moins Go de sable fin et de gravier ayant moins de CP,02 de
Alpes. ( Voyez l'ouvrage de M. Surell , pages 76, 77, 88 et 89.)
(a) Il est vrai que par l'effet du frottement les roches tendres,
qui sont les plus nombreuses dans la nature, s'usent assez
promptement, et se réduisent en sables et en menus graviers. Mais ce serait une grande erreur de croire qu'ainsi divisées, ces matières ne peuvent pas contribuer à exhausser le lit d'une
rivière. Il suffit d'examiner la composition des lits'cle déjection pour être convaincu du contraire. Des expériences faites sur
diamètre et 7 à 8 parties seulement de galets ayant plus de o'.06, le reste étant intermédiaire. Des proportions à peu près pareilles s'observent sur plusieurs points des lits de l'Isère et du Drac. Ce mélange de matières de grosseurs si différentes s'explique par le transport en masse.