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e procédé: emploi
de la végétation.
ÉTUDES
peut être le boisement du sol comme moyen d'exécution de ce procédé. Il n'est pas douteux que théoriquement la végétation
ne soit un excellent moyen de diminuer la masse des cailloux que les torrents charrient. Elle tend à ce résultat de deux manières : en s'opposant à la dégradation
des montagnes et en changeant le régime des crues. Par leurs racines, les plantes consolident le sol et le recouvrent d'une enveloppe difficilement affouillable ; par leurs troncs, leurs branches et leurs feuilles et aussi par l'humus qui s'accumule à leur pied, elles divisent les eaux pluviales et en absorbent une partie. Elles doi-
vent donc retarder beaucoup leur écoulement et empêcher que les crues ne soient subites et excessives. L'expérience est pleinement d'accord avec ces idées théoriques. Les torrents qui ont leur source dans le sein de montagnes dénudées et d'une facile dégradation sont les plus dangereux ; ceux au contraire dont les bassins de réception sont entièrement boisés, n'ont pas de lit de déjection et sont le plus souvent inoffensifs. Comment se fait-il clone que le boisement du sol ne soit pas employ é depuis longtemps pour faire disparaître les ravages
torrentiels? Nous allons essayer de l'expliquer. Pour exercer par la végétation une influence sensible sur le régime des torrents, il faudrait attaquer directement le mal à sa source, c'est-à-dire couvrir de plantations : ici les flancs d'une montagne qui, minée par les ravins,
tombe en ruines ; là, des amas de cailloux sans consistance et sans terre végétale ; ailleurs, les parois d'un
rocher à pic dont la surface en décomposition se renouvelle sans cesse : c'est là qu'est la difficulté. Tous ceux qui se sont occupés de sylviculture savent que s'il est facile de faire naître des arbres sur la lisière d'une forêt ou dans l'intérieur de ses clairières, il n'en est plus
SUR LES TORRENTS DES ALPES.
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de même quand il s'agit de boiser un terrain nu, exposé sans défense aux intempéries atmosphériques. Une jeune
plante ne peut vivre qu'autant qu'elle est à l'abri des ardeurs du soleil en été et des tempêtes en hiver. Le sol ne doit pas être mobile ni raviné par les eaux pluviales; il faut qu'il soit à l'abri des éboulements et des avalanches. Or ces conditions ne se trouvent réunies dans
les hautes régions des Alpes que sur le bord ou dans l'intérieur des forêts épaisses. Lorsque celles-ci sont très-touffues, et qu'elles occupent de vastes espaces, la fraîcheur continuelle qu'elles communiquent au sol donne, lieu à des cas de végétation extraordinaire qui évidemment ne se produiraient pas dans toute autre circonstance. Ainsi dans les forêts de la Grande-Chartreuse, près de Grenoble, on voit de grands arbres reposer sur des blocs de pierre isolés ou sortir de la paroi verticale d'un rocher à pic. En s'approchant on recon-
naît que la pierre est un calcaire compacte et qu'il a
suffi d'une petite fissure remplie de matière marneuse pour que le végétal, en y insérant ses racines, ait pu s'y implanter solidement et prospérer. On doit conclure de là que pour boiser les rochers Dus dont la dégradation est la source des ravages torrentiels, il faudrait préalablement créer des massifs de forêts aux dépens des terres cultivées des environs. C'est en effet ainsi que procéderait la nature si on la chargeait de l'opération. Supposons que l'homme cesse d'habiter les Alpes et abandonne le sol à ses productions spontanées. Les végétaux vivaces et à tige ligneuse deviendront peu à peu les plus nombreux et finiront par dominer exclusivement. Ce n'est pas dans les régions élevées et sur les pentes dénudées qu'ils commenceront à s'établir, mais dans le fond des vallées et au sein des meilleures terres ; de là ils s'étendront sur le flanc des montagnes TOME Xr, 1857.
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