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les totaux, j'ai lieu de croire que je suis arrivé aussi près de la vérité qu'il est possible de le faire dans un pays où la science de la statistique est inconnue et où les autorités locales ne peuvent, à cet égard, être d'aucune utilité. Les mines de fer les plus rapprochées de Trébizonde sont situées l'une à Ounié, sur les bords de la mer Noire, l'autre à dix heures de distance de Kerassunde, dans l'intérieur du pays. La première ne donne qu'un produit insignifiant. La seconde est exploitée seulement par les habitants des villages environnants qui n'en tirent que la quantité de fer nécessaire pour le ferrement de leurs chevaux et la fabrication de quelques outils grossiers. D'après mes informations, cette mine pourrait donner 50.000 quintaux de minerai par année. Les gisements
sont à fleur de terre et l'exploitation en serait très-faci.e à cause du voisinage de grandes forêts qui fourniraient en abondance le combustible destiné à alimenter les fourneaux et les forges. Mais le mauvais état des routes ou plutôt leur absence, car on ne saurait donner le nom de routes à des chemins à peine tracés et jamais entretenus, rend les transports pénibles et très-coûteux et a fait négliger jusqu'ici une source de richesses naturelles dont le gouvernement ottoman, mieux inspiré et plus soucieux de ses propres intérêts, pourrait tirer le plus grand profit. On trouve près de Triboli, petit port situé à ,.60 kilomètres
l'ouest de Trébizonde, dix mines de cuivre et une de plomb argentifère. Cette dernière, appelée Khatoun-Maden , a ce'Sisé, d'être exploitée depuis sept ans à cause des difficultés que présentait l'extraction du minerai à des ouvriers réduits aux moyens primitifs en usage dans ces contrées. Cependant, telle qu'elle était exploitée, cette mine donnait un rendement considérable en d'argent. Sur les dix mines de cuivre, celle dite Israël a été abandonnée, parce que, ayant été mal exploitée, il s'est formé des crevasses et les puits se sont remplis d'eau dont on n'a pas pu les débarrasser. Les huit autres mines dont les noms suivent, savoir : Caratrehaya. Caraich, Akelih-Maden, Lahana, Kirlik, Eski-Kerlik , Kisil , Kehaya et Carelar-Maden sont exploitées par des particuliers à qui le gouvernement les donne à ferme. Elles produisent environ 100.000 kilogrammes de cuivre par année. La principale mine de cuivre de ce pachalik est celle d'Esseli, située à 15 heures de Trébizonde et à A heures de Triboli. Elle
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est exploitée par le gouvernement ottoman lui-même et produit annuellement 250.000 kilogrammes de cuivre. Il est certain
qu elle pourrait en donner davantage si les travaux étaient mieux dirigés et mieux exécutés. A sa sortie de la mine, le mi-
nerai, après avoir subi une première fusion, qui rend 50 à 6o p. i00, suivant le plus ou moins de soins apportés dans l'o-
pération, est livré aux négociants au prix de 1'00 le kilogramme. Ceux-ci l'expédient dans cet état à Marseille d'où il revient en partie à Trébizonde entièrement épuré. Il est alors vendu à raison de 28 piastres l'ocque (5`,50 le kilogramme), et sert à la fabrication des ustensiles de ménage, qui est une des principales industries de Trébizonde.
La fabrication de ces objets a toujours tenu un rang important dans le commerce de notre ville. On compte à Trébizonde 17 boutiques occupant ensemble 50 à 60 ouvriers. Elles emploient de 25 à 52.000 kilogrammes de cuivre fin et livrent à. la consommation pour 900.000 à 1.000.000 de piastres (150 à i66.000 francs) de marchandises par aanée. Une partie de ces marchandises est expédiée en Géorgie et dans le Caucase, le surplus se place à Trébizonde et dans les villages environnants.
Tel est le résumé des renseignements que j'ai recueillis. J'aurais voulu qu'ils fussent plus complets afin de pouvoir pi é-
ciser l'importance que ces mines acquerraient si elles étaient exploitées par des personnes habiles. Mais, tels qu'ils sont; ces renseignements suffiront, je l'espère, pour prouver que si une administration bien entendue était placée à la tête de leur exploitation, et si quelques dépenses étaient faites, pour faciliter les transports jusqu'à la mer, on arriverait aisément à augmenter dans une proportion considérable le produit de ces usines, qui deviendrait alors une source féconde de revenus pour l'empire ottoman, et de bien-être pour les habitants de ce pays.
(Extrait d'une dépêche adressée à S. Ex. le Ministre des affaires étrangères par M. GEOFFROY DE JUSSON
zonde.
gérant du consulat de France à Trébiio décembre '858.)