Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 158]

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CONSTRUCTION DES DIGUES D'ÉTA NGS

tout le pays. Au commencement de l'été cette neige fond, et l'eau qui en résulte remplit les ravins et grossit les ruisseaux. Cette eau constitue la force motrice principale dont les usines disposent ; elles sont obligées de l'emmagasiner pour toute l'année.

Lwsqu'il s'agit d'établir une usine dans les monts Ourals , on doit s'appliquer, avant tout, à y former un étang assez vaste pour recevoir la presque totalité de l'eau que les diverses roues hydrauliques exigeront pendant l'année entière pour leur mise en mouvement. A cet effet, on choisit sur une rivière un endroit déjà assez éloigné de la source et où la rivière a déjà reçu plusieurs affluents; on cherche même un point qui puisse recevoir aussi l'eau d'une ou de plusieurs rivières voisines. Le district des usines constitue un pays montagneux, mais qui cependant n'offre pas ordinairement les côtes abruptes des montagnes de l'Europe centrale; les rivières n'y ont pas en général un cours torrentiel, et l'on trouve facilement des endroits où elles sont bordées de deux côtés par des pentes peu inclinées qui se prêtent à l'établissement de vastes étangs. Le seul travail à faire, c'est de barrer le vallon du côté d'aval par la construction d'une digue. Pendant un voyage métallurgique de quelques mois

que j'ai fait en Russie, j'ai eu l'occasion de voir un

Importance des digues.

grand nombre de digues ; j'en ai profité pour recueillir quelques documents qui sont loin d'être complets; niais tels qu'ils sont ils peuvent cependant offrir de l'intérêt pour les personnes qui s'occupent de constructions analogues; ils peuvent aussi donner une idée de l'un des traits caractéristiques des usines de l'Oural aux personnes qui s'occupent de métallurgie en général. Lorsqu'on voyage dans les monts Ourals on longe quelquefois pendant des heures entières des étangs à

DANS LES USINES DE L'OURAL.

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perte de vue sans rencontrer âme qui vive ; mais tout à coup on se trouve près de la digue de l'étang : là tout change d'aspect. La digue est là voie de communication entre les deux côtés du vallon; la plupart des arrivages pour l'usine se font par là. Derrière la digue, il

y a l'usine avec ses marteaux, ses feux et ses nombreuses cheminées en tôle; il y a la scierie, annexe indispensable de toute usine de quelque importance, les dépôts de charbon de bois et d'objets de toute nature.

Les étangs ont quelquefois l'étendue de nos grands lacs, plusieurs lieues de longueur sur une lieue de largeur et davantage. Les digues ont souvent quelques

kilomètres de longueur ; leur largeur est telle qu'on a pu y établir en quelques endroits des ateliers et de grands dépôts de minerai, de, bois d'oeuvre et d'autres matières de construction. La construction d'une digue d'aussi grandes dimen-

sions offre toujours des difficultés. On sait que la

Difficultés

de la construction des digues.

De ta ils moindre infiltration suffit souvent pour faire céder une sur l'établissement digue (1). des fondations pour Dans les monts Ourals, cette construction offre encore une difficulté exceptionnelle provenant du climat les icnopi srttrauncttei u disourais. rigoureux du pays : difficulté qui se présente, du reste, les inoz dans toutes les autres constructions importantes de ce district. La température descend souvent au point de la congélation du mercure, et l'effet du froid est d'autant plus intense que l'hiver y dure presque huit mois. Toute la terre gèle jusqu'à quelques pieds au- dessous de la surface ; un sol qui présente assez de solidité pour que dans nos climats on puisse hardiment y éta-

(I) La rupture des digues dans l'Oural est rare grâce à la grande expérience qu'on y a acquise dans ce genre de constructions.