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SITUATION COMMERCIALE DES HOUILLÈRES
La production de l'Angleterre est de beaucoup supérieure à celle de la Belgique; elle est évaluée, pour l'année i855, par M. Robert Hunt, conservateur des Archives des mines, au chiffre énorme de 64.451.076 tonnes anglaises (1), soit dix fois la production du Hainaut ou encore la production de la France entière; l'ex-
portation est considérable en elle-même, 5.061.795 tonnes, mais faible relativement à la production dont elle ne représente que le 1/13; c'est un avantage qu'a l'Angleterre sur la Belgique dont l'exportation est supérieure au tiers de la production. Il résulte de cette situation un fait qu'il importe de signaler; c'est que l'Angleterre peut expédier en France de très-fortes quantités de houille sans que la demande provoque une augmentation de prix sensible; il en est
tout autrement pour la Belgique. Il y a aussi entre les houillères du Royaume-Uni et
DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS.
9.05
pital. Il faut en France, dans les meilleures conditions, on capital de 5 millions et dix années de travail pour
produire la même quantité de a00000 à 200. 000 tonnes ; le bénéfice étant de 5,75 par tonne, l'exploitant gagne de 575.00o à 7.50.000 francs, soit 12,50 à 25 p. ioo;
ainsi il faut en France un capital triple et deux fois plus de temps pour obtenir dans les meilleures conditions de vente le même bénéfice que l'exploitant an-
glais, et pour obtenir ce résultat il faut gagner trois fois plus par tonne de charbon ; c'est là la différence essentielle qui existe entre les exploitations anglaises et celles du continent; elle tient à la faible dépense qu'exigent les travaux de mines en Angleterre, à la richesse et à la régularité des couches, à la concentration de la population ouvrière, à la facilité des voies de communication et à l'immense débouché que présente la consommation du pays; sur un marché de
celles de France et de Belgique une différence capitale; c'est qu'elles peuvent prospérer en se contentant d'un faible bénéfice par tonne, tandis que celles-ci recherchent forcément un bénéfice éievé ; cela tient à ce qu'un exploitant de houillères anglaises obtient d'aussi beaux
70.000.000 tonnes, ce n'est rien que de jeter en un an 200.000 tonnes ; c'est beaucoup sur un marché de
bénéfices en ne gagnant que a,25 (2) par Loo° kil.
lutte que nos mines soutiennent contre les houilles anglaises deux conséquences importantes : la première c'est que l'envahissement du marché français par les
que l'exploitant français qui gagne 5 francs. En effet, avec un capital d'un million de francs, on arrive, dans le bassin de Newcastle, à produire au bout de cinq années aoo.000 à 200.000 tonnes ; le bénéfice
étant de i,o5 par tonne, l'exploitant gagne 125.000 à 250. 000 francs, soit 12,50 à 25 p. 100 de son ca(i) La tonne anglaise est de 1.0'5 kil. M Le bénéfice réel de la naine est supérieur à i',25; car l'exploitant n'est point propriétaire, et il paye au propriétaire une redevance connue sous le nom de royalty, qui n'est pa$ moindre dci fr. par tonne.
4 000.000 à 5. 000. 000 tonnes comme celui qui est ouvert à nos houilles du Nord.
De ce que nous venons de dire déconlent , pour la
houilles anglaises ferait peu ou point hausser leurs prix ; il n'a pas une assez grande importance relative pour amener ce résultat ; la seconde est que les Anglais
ne peuvent guère abaisser leurs prix de vente, tandis que les mines belges et françaises ont une marge assez grande : cela leur donne une grande facilité pour empêcher les houilles anglaises d'envahir le marché.