Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 161]

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FUSION DE L'ACIER

AU FOUR A RÉVERBÈRE.

avant de rompre. Elle présenta un grain magnifique, plus gros que celui de la barre précédente, et se rapprochant beaucoup de celui des fers à grains au charbon de bois, ou des aciers de Kriipp. Nous croyons qu'une barre de cet acier de Qm,o5o à om,o55 de côté aurait pu aisément être repliée sur elle-même à froid, de manière à faire toucher les deux bouts sans rompre ni même criquer au point de flexion. En un mot, cet acier, par sa résistance et sa ductilité à froid, présentait une qualité vraiment supérieure, surtout eu égard aux matériaux assez ordinaires d'où il pro-

fut de les percer à chaud pour en fabriquer des tranches. L'acier du lingot n° 2 se perça très-bien, mais celui du n° criqua latéralement sous le poinçon, bien qu'on eût pris toutes les précautions d'usage et ménagé la température. Nous croyons que cette différence doit s'expliquer par la nature plus vive et plus carburée de cet acier, provenant de la première fusion, où il s'est opéré une véritable liquation qui a laissé sur la sole les parties les plus ferreuses. On

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venait.

Un examen attentif faisait découvrir dans quelques cassures de nos barres des vestiges de bulles non ressoudées. Mais on sait qu'il n'existe guère d'aciers fondus exempts de bulles, et nous pensons qu'avec un meilleur forgeage celles du nôtre auraient complètement disparu. En effet , quand le forgeage est conduit de manière à comprimer également toutes les faces du lingot, les bulles, primitivement sphériques, prennent une forme ovoïde de plus en plus allongée qui finit par devenir une ligne pour ainsi dire mathé-

matique et invisible même à la loupe. Si, au contraire, l'acier est écrasé inégalement sous le marteau, les bulles s'aplatissent et forment, dans l'intérieur du lingot, des surfaces planes, des espèces de pailles qui ne s'effacent jamais. C'est ce qui est arrivé sur quelques points de nos barres, par suite de l'imperfection du forgeage. Des morceaux des barres ci-dessus furent soumis à divers essais à la petite forge. Ils se forgèrent parfaitement, se laissèrent étirer en petite verge crénelée sur la bigorne

de l'enclume et avec la panne ronde du marteau. On en fit des burins qui prirent bien la trempe, quoique un peu tendres, surtout pour ceux provenant du lingot n° 2, évidemment le moins carburé. Ces burins n'avaient d'autre défaut que quelques pailles longitudinales provenant du touchage des lingots. Néanmoins, on put très-bien buriner de la fonte et même du fer avec ces outils.

La dernière épreuve à laquelle nous soumîmes nos aciers

sait, du reste, que beaucoup d'aciers fondus, même de bonne qualité, ne peuvent se percer à chaud. Les usages auxquels seraient destinés nos aciers puddlés fondus n'exi-

gent nullement qu'ils puissent résister à cette difficile épreuve. Comme l'acier provenant du lingot n° 2 l'a victorieusement subie, nous croyons qu'il sera toujours possible d'obtenir ce résultat par un triage et un assortiment convenables des qualités d'acier soumises à la fusion. Enfin, nous fîmes étirer un lingot provenant de la troisième fusion (acier puddlé de fonte d'Ystalifera, mélangé

avec de l'acier puddlé de fonte d'Ivoy). Ce lingot s'étira également bien en blette, mais le marteleur ayant voulu casser cette blette à froid en deux morceaux sous le pilon, un coup trop fort la rompit en quatre parties. La cassure était

parfaitement saine et régulière ; toutefois, elle présentait

moins d'arrachements et un grain plus plat que l'acier d'Ivoy. Deux des morceaux furent forgés en couteaux de cisailles, avec un succès complet, un autre étiré en larget pour faire une feuille de tôle ; mais on n'osa pas le passer aux cylindres, de peur de casser une cage, l'acier donnant un tirage bien supérieur à celui du fer. Le dernier morceau resta pour être ultérieurement 'étiré en barre quand le pilon, occupé pour les besoins de l'usine, redeviendrait libre. En somme, nous croyons l' acier puddlé provenant des fontes d'Ystalifera (àl' anthracite) , moins tenace et moins résistant

à froid que celui fabriqué avec la fonte d'Ivoy. Mais il paTOILE I, 186u.