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TRAVAUX DE SAUVETAGE. 170
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CATASTROPHE DES MINES DE LAUE (GARD).
travaux, ils ont déterminé une violente explosion, lancé des terres à une assez grande hauteur et imprimé aux maisons voisines une forte secousse. L'acide carbonique, plus dense que l'air, et chassé des bas fonds par les eaux, s'est étendu et nivelé comme une nappe délétère au-dessus de la nappe
d'eau; sa présence a exigé de grandes précautions quand on a pénétré dans les travaux. octobre, je mesurai A mon arrivée, dans la soirée du la profondeur des eaux, qui était de 2/i mètres au puits Terrèt , et 22',20 au puits Sainte-Hortense; il était onze 1 1
heures du soir ; accompagné de M. Vidal, adjoint à la mairie de Bességes , Courroux, ingénieur des mines de Lalle, Marsaut et Roux, ingénieurs de la compagnie houillère de
&Mac, nous fîmes une première et rapide inspection des lieux. L'eau tombait encore en masse considérable dans l'effondrement. Les câbles et les guides du puits Terrèt avaient été mis hors de service. Le puits Sainte-Hortense seul pouvait fonctionner. Je fis exécuter sur-le-champ une petite digue en maçonnerie pour détourner l'eau du ruisseau qui coulait dans la mine, j'ordonnai la reprise immédiate de l'épuisement par le puits Sainte-Hortense, et la remise en oeuvre des attirails du puits Terrèt. L'examen détaillé des plans fait par nous sur les lieux même, à la lampisterie de Lane , et les renseignements fournis par l'ingénieur Courroux sur la disposition des chantiers dans la mine, ne nous laissèrent entrevoir sur le moment aucun espoir, et surtout aucune possibilité immédiate d'essayer un sauvetage. On ne pouvait en effet pénétrer dans les galerlds supérieures avant d'avoir épuisé les eaux, ni tenter des percements directs à partir du jour, dans l'incertitude où l'on était sur l'existence et la position d'ouvriers encore vivants. Une circonstance providentielle vint nous permettre d'entreprendre des travaux utiles, et nous faire espérer d'arra-
cher à la mort quelques victimes.
Le samedi, dans l'après-midi, les frères Pagès, dont le plus jeune était âgé de dix-huit ans, entrèrent dans une ancienne galerie dite Sainte-Barbe, pour écouter s'ils n'entendraient
aucun bruit, aucun appel venant de l'intérieur. Le jeune Pagés avait aidé deux ans auparavant à relever le plan des travaux, et il pensait que les mineurs travaillant clans la couche Sainte-Barbe avaient pu se mettre à l'abri. il frappa, écouta longtemps sur les parois de la galerie, et finit par distinguer le bruit à peine perceptible de coups qui répondaient aux siens. Un de ses camarades, Borne, mineur, alla avec les frères Pagès , et entendit comme eux. On vint aussitôt me prévenir. J'accourus dans la galerie avec MM. Marsaut , Marcillat et quelques autres personnes; j'y trouvai l'ingénieur Courroux qui frappait avec les maîtres mineurs Martin de Lalle et Mercier de Bességes; ils n'enten-
daient rien; nous écoutâmes à notre tour avec la plus grande attention. La réponse à nos coups était si faible et si incertaine, que nous n'osions pas espérer ; néanmoins, sur l'affirmation positive des frères Pagès et de Borne, ouvriers éprouvés, j'étais décidé à faire entreprendre les travaux de sauvetage. Pour nous convaincre une dernière fois, nous fîmes sortir la plupart de ceux qui nous accompagnaient afin d'obtenir un silence absolu, et donnâmes un appel à coups de pic également espacés. L'oreille collée au charbon et retenant notre respiration, nous entendîmes aussitôt, avec une émotion profonde, des coups extrêmement faibles, mais précipités, rhythmés, en un mot le rappel des
mineurs, qui ne pouvait être la répercussion du nôtre, puisque nous avions frappé à intervalles égaux. On comprendra facilement la faiblesse du son qui parvenait jusqu'à nous, lorsqu'on saura que les captifs, ainsi qu'ils nous l'ont dit après, frappaient avec les talons de leurs souliers, et que nous en étions séparés par un massif de charbon de plus de 20 mètres. La compagnie des forges était dans l'impossibilité de