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OPÉRATIONS INSALUBRES POUR LES OUVRIERS.
meule, où le broyage ne développe aucune poussière. A l'usine de MM. Barker et Cie, à Sheffield le grattage s'effectue mécaniquement, entre deux laminoirs. Les ouvriers y poussent les lames, préalablement mouillées, au moyen d'un trident en fer de 75 centimètres de long, qui ne les quitte jamais pendant le travail. Défense formelle est
faite de manier les lames avec les doigts, et l'on renvoie inexorablement ceux qui s'oublient à le faire. Malheureusement le mouillage est insuffisant pour empêcher la pous-
siére, surtout pendant le broyage. Une combinaison des deux méthodes résoudrait la difficulté. Chez les uns comme
chez les autres l'enlèvement des pains séchés à l'étuve et leur mise en barils pour l'expédition restent très-malsains. A la fabrique d'oxychlorure de plomb de M. Bell, à Washington, où le danger de la substance est à peu près le même, on a soigné davantage ces deux opérations. Hommes et femmes travaillent avec un linge de batiste sur la figure
et on les oblige à changer de vêtements à leur sortie des ateliers. Chaque ouvrier est muni d'une fiole d'antidote qu'on lui renouvelle gratuitement tous les quinze jours. Dans la plupart des établissements on a soin de faire alterner les ouvriers occupés aux opérations les plus insalubres.
La préparation du minium chez MM. Locke, Blackett et Ci0 est bien entendue. Le broyage a lieu dans des appareils exactement hermétiques. Quant aux fours d'oxydation, soit pour la conversion du plomb en massicot et du massicot en minium rouge, soit pour la conversion de la céruse en mine orange, ils sont parfaitement installés. La porte de chacun d'eux est surmontée d'une hotte en commu-
nication avec la cheminée, qui ne laisse pénétrer aucune vapeur dans l'atelier. La fabrique de MM. Black Allumettes phosphoriques. et Bell, à Strafford (près de Londres) , qui livre au commerce environ 6 millions d'allumettes par jour, offre un exemple,
ALLUMETTES PHOSPHORIQUES.
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le seul peut-être en Angleterre, de moyen employé pour prévenir les effets des vapeurs phosphorées. A la suggestion
du Do Letheby, une des autorités sanitaires de Londres, on y a tiré partie de la propriété connue de l'essence de térébenthine d'empêcher, par sa présence à faible dose dans l'air, la combustion spontanée du phosphore, et sans doute aussi de neutraliser l'action des vapeurs déjà formées (). Or, on sait que c'est aux acides engendrés continuellement par la combustion lente des vapeurs phosphorées et accidentellement par l'inflammation des allumettes écrasées sur le sol, que sont dues les nécroses dont sont atteints les ouvriers employés au trempage, au montage des châssis, à l'étuvage, au démontage. De ces opérations, la plus insalubre de beaucoup est le trempage; quant aux autres, une bonne disposition des ateliers en prévient en grande partie les inconvénients. Chez MM. Black et Bell, les ouvriers trempeurs sont munis d'une boîte en fer-blanc «suspendue sur la poitrine et remplie d'essence de térébenthine. Ce moyen a considérablement réduit les cas de nécroses, et, d'après ce que nous a dit M. le Do Letheby, il serait question de le rendre obligatoire dans toutes les fabriques du Royaume-Uni.
C'est au même résultat qu'on arrivera, par une autre voie, si la nouvelle machine patentée par ces industriels, sous les noms Bell et Higgins, et qu'on était en train d'installer à notre passage à Londres, est consacrée par la pratique. Cette machine, fort ingénieuse du reste, exécute ellemême la mise en cadre et le trempage qui sont aujourd'hui effectués à la main. L'ouvrier n'intervient que pour renouveler la provision d'allumettes non préparées, et il peut se (*) Le Dr Letheby a traité en détail cette question dans ses Lectures sur la chimie des poisons au collége médical de London Ilospital. Il y rappelle notamment qu'une proportion de moins de i /4..00
d'essence de térébenthine dans l'air, à la température et à la pression ordinaires, suffit pour arrêter la combustion lente du phosphore.