Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
INFECTION DES EAUX.
INFECTION DES EAUX.
6r
trine, que Londres a reporté ses prises dans la Tamise à W. INFECTION DES EAUX.
Il y a deux grandes causes d'infection des eaux : les résidus des fabriques et les immondices des villes. Ces deux causes confondent souvent leurs effets : car les établissements industriels, situés dans l'aire drainée des villes, déchargent ordinairement leurs résidus aux égouts, en sorte que les eaux sales de ces derniers contiennent à la fois les deux natures de produits. La multiplication des manufactures, d'une part, et d'autre part, l'extension donnée au drainage urbain ont tellement généralisé cette infection que les rapporteurs officiels de l'enquête de 1861 n'ont pas hésité à la proclamer un mal national. Il est certain qu'aujourd'hui, dans les districts populeux ou industriels de l'Angleterre, il n'y a pour ainsi dire - pas un cours d'eau qui. puisse être convenablement utilisé pour l'alimentation des habitants. Le poisson a disparu de
la plupart d'entre eux, et leurs bancs recouverts de matières putrescibles deviennent aux basses eaux des foyers de
corruption. La Mersey à Stockport, le Croal à Bolton, le Medlock et l'Irwell à Manchester, la Tame à Birmingham, le Don à Sheffield, l'Aire à Leeds, etc., ressemblent beaucoup plus à de larges égouts qu'à des cours d'eau naturels. Des rivières plus importantes comme la Tyne, la Clyde, l'Humber, la Tamise même, sans être aussi infectées que les précédentes, sont néanmoins assez souillées, soit directement soit par leurs tributaires, pour être à peu près dépourvues de poisson et se prêter mal aux usages domestiques. Aussi les villes de quelque importance, renonçant à améliorer artificiellement des eaux aussi impures, ont trouvé plus économique de s'approvisionner à de grandes distances. C'est ainsi que Liverpool amène ses eaux potables de 4o kilomètres, Manchester de 22, Sheffield de 12, Leeds de 15, que Glasgow a mis à contribution le lac Ka-
Hampton-Court (*) , etc. Il est telle localité de 20.000 âmes à peine, comme Middlesbro'-on-Tees (Yorkshire) qui n'a
pas craint de s'alimenter à plus de 2o kilomètres. Enfin, diverses petites villes, Rugby, Ottery-St-Mary, Paisley, Ayr, Kilmarnock, appliquant les nouvelles théories de la Réforme sanitaire, ont récolté les eau i pluviales des sols environnants, sableux autant que possible, au moyen d'un système complet de drainage souterrain. Nous citons ces détails pour montrer que jusqu'à ces derniers temps, la question de l'infection des eaux a été complétément négli-
gée et qu'on a beaucoup plus cherché à se passer des eaux impures qu'a les purifier. Cet état de choses tient en grande partie à la législation qui n'a établi aucune protection générale des cours d'eau et n'a constitué aucun pouvoir pour l'exercer. Quant aux droits des particuliers et aux attributions ou devoirs des autorités locales, ils paraissent si vaguement définis que les actions judiciaires ont été l'objet de solutions contradictoires. Les commissaires de l'enquête de 1861 reconnaissent que, saut des exceptions très-limitées, à Bradford, Rochdale, Bolton et quelques autres localités moindres, aucune sorte de surveillance sur les rivières et ruisseaux n'a été pratiquée dans le royaume. La grandeur du mal a fait sentir la nécessité du remède. Les procédés d'assainissement appliqués ou en voie d'expérience sont de deux sortes : les uns, partiels, s'adressent exclusivement à certains produits déterminés ; les autres, généraux, s'adressent à toutes les sources d'impuretés, entreprenant la désinfection des liquides d'égout. Les uns et les autres sont, comme on voit, préventifs, en ce sens (*) On sait que pour la Tamise les prises d'eau potable ont dû être reportées en 1855 en amont de Londres, les procédés d'épuration étant devenus insuffisants pour en combattre l'insalubrité.
-