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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE A -VAPEUR 492 dessus de la grille une feuille de tôle de 2',3o de longueur et im de largeur, dont le sens du laminage, par suite. de ces dimensions même, était forcément parallèle à l'axe de la chaudière. Dans la soirée du 9 mars, trois des chaudières seulement, suivant l'usage, étaient en feu ; la machine fonctionnait depuis plusieurs
heures pour épuiser les eaux de la mine, sans autres arrêts que ceux nécessaires pour les manoeuvres. Le sieur Trouillet, chauffeur,
dont la place de travail n'était point couverte, se retira un instant dans la chambre de la machine pour s'abriter contre le vent et la pluie. A peine y était-il entré que l'explosion se produisit. La machine ne recevant plus de vapeur s'arrêta, et les deux tonnes qui se trouvaient vers le milieu du puits durent être maintenues par l'usage du frein. Les fig. ft et 5, Pl. XI, donnent une idée de l'état de la chau-
dière et de son massif après l'explosion. La feuille de tôle qui avait été posée lors de la dernière réparation présentait, parallèlement à l'axe, à om, Io au-dessous de la ligne des rivets, et à 0',20 au-dessous de la partie supérieure des carneaux, une déchirure de i.30 de longueur, et dont les bords s'étaient écartés de om,10 dans
la plus grande largeur. La vapeur, faisant irruption par cette ouverture béante, avait fait sauter le carneau pour se créer un passage. En même temps, par suite de la réaction, le corps principal avait été soulevé de quelques centimètres et écarté de &noo sur la droite par un mouvement de rotation autour de son extrémité postérieure. Les tubulures placées vers l'arrière ont dû être légèrement tordues, mais les bouilleurs n'ont aucunement souffert, pas plus que les chaudières placées à côté. Par suite du déplacement du corps principal, le tuyau de prise de vapeur s'est rompu et toute la vapeur a pu s'échapper. La tôle dans le voisinage de l'ouverture avait encore l'épaisseur de o'", in qu'elle avait à l'origine; la tranche de la déchirure présentait quelques défauts de soudure tendant à diviser la tôle en feuillets ; enfin g y avait à la partie la plus basse de la feuille une boursouflure, trace évidente d'un coup de feu.
La chaudière avait été nettoyée le dimanche
mars; après
l'explosion, les parois étaient recouvertes d'une pellicule blanche extrêmement mince se détachant facilement en écailles; au fond y avait un dépôt de 5 ou 6 millimètres d'épaisseur, mais ne présentant nullement la consistance pierreuse et s'écrasant en poussière sous la seule pression d'un corps dur. Quelques instants avant l'explosion, le chauffeur avait chargé du charbon sur la grille ; il n'a pu me dire si la boursouflure existait
A CARMEAUX
( TARN).
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déjà à ce moment Avant de quitter sa place, il n'a point regardé ni le manomètre ni l'indicateur du niveau de l'eau ; mais le mécanicien affirme que le manomètre placé dans la chambre de la machine marquait seulement 5" 5//4 (les chaudières sont imbré,es pour
5 atmosphères), et que la pompe alimentaire fonctionnait sans interruption depuis plus d'une heure et demie. L'eau était refoulée en même temps dans les trois chaudières dont tous les robinets d'alimentalion étaient ouverts. Le sifflet d'alarme, quoique en bon état, n'a point fonctionné. D'après ces constatations, on ne doit point chercher à expliquer l'accident par un abaissement excessif du niveau de l'eau car cet abaissement aurait dû se produire en même temps sur les trois chaudières. Il est probable que le chauffeur, fatigué par une pluie battante, aura chargé sa grille sans précaution ; peut- être même aura-t-il forcé la charge à dessein pour n'avoir pas à revenir fréquemment. Par suite de la faible hauteur du fourneau que j'ai signalée en commençant, il en sera résulté une surchauffe qui, jointe à la mauvaise qualité de la tôle et à la mauvaise orientation du sens du laminage, suffit parfaitement pour expliquer l'explosion.
L'appareil moteur du puits de la Grillatié doit être prochainement remplacé par un autre dont la construction touche à sa fin. Les nouveaux générateurs seront couverts : c'est une amélioration qui a son importance, car on sera alors en droit d'exiger plus de soin de la part du chauffeur qui ne sera plus tenté d'abandonner son poste pour chercher un abri contre les intempéries des saisons.