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CONSTITUTION GÉOLOGIQUE
cette formation aurait dû recouvrir toute la région des
Alpes, à l'exception des cimes les plus élevées, et, même en admettant des actions destructives d'une énergie extrême, On devrait en retrouver des traces ailleurs que dans
le Tyrol méridional, ce qui n'a pas lieu. D'ailleurs, les
couches de Baibl, qui, géologiquement, suivent la dolomie du Schlern, sont venues se déposer au pied même du Schlern, à 1.0oo mètres au-dessous du sommet. Le dépôt de la dolomie était donc, conclut M. de Richthofen, un phénomène essentiellement local et irrégulier, ce qui ramène encore à l'hypothèse des polypiers, de sorte que les massifs dolomitiques de la vallée de Fassa ne seraient autre chose que les atolls ou récifs coralliens de la mer triasique supérieure. Il reste maintenant à expliquer pourquoi l'on trouve de la dolomie et non du calcaire. On sait d'abord que les sécrétions de tous les coraux contiennent de la magnésie ; il est vrai que les travaux de Forchhammer et de Dana n'en ont jamais montré qu'une très-faible quantité relativement à la chaux ; mais, d'après les lois connues sur la manière dont les animaux s'accommodent à leurs conditions d'existence, il est à présumer, dit M. de Richthofen, que la teneur en magnésie devait être un maximum dans une mer où les tufs pyroxéniques se décomposaient sur une grande échelle. Mais tout cela ne' suffit pas pour expliquer la présence da carbonate double, et la structure des fossiles prouve qu'il a dû y avoir, après coup, introduction d'une quantité notable de magnésie. Il faut donc avoir recours à des actions chimiques qui, d'ailleurs, ne sont pas difficiles à imaginer ; ainsi de l'eau chargée d'acide carbonique, suintant à travers un calcaire déjà magnésien, enlève la chaux carbonatée et laisse la dolomie; de plus, des eaux
magnésiennes, agissant sur une roche calcaire, peuvent former un carbonate double de chaux et de magnésie, qui est beaucoup moins soluble. Si l'on songe à l'énorme quan-
DU TYROL MÉRIDIONAL.
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thé de magnésie qui devait exister en dissolution dans les eaux de la mer tyrolienne, et aux dégagements d'acide carbonique qui ne pouvaient manquer d'accompagner les éruptions de mélaphyre, des réactions de ce genre paraîtront
tout à fait admissibles.
En résumé, les dolomies de la vallée de Fassa seraient des récifs coralliens, ultérieurement transformés et rendus cristallins par des eaux magnésiennes ; cette hypothèse a reçu le suffrage de M. de Cotta, qui la déclare très-vraisemblable, non-seulement pour le Tyrol, mais pour beaucoup d'autres formations dolomitiques. Néanmoins il y a des objections graves à élever contre elle, et il importe de les faire connaître. La dolomie qui constitue le sommet des montagnes voisines de Predaizo ne présente pas les formes déchiquetées de celle de la vallée de Fassa, et cependant M. de Richthofen lui-même la rapporte à la formation du Schlern ; par
ses caractères extérieurs, elle ne se distingue pas de la dolomie de Mendola sur laquelle elle repose. De plus, quand on fait l'ascension du pic granitique de la Cima d'Asta, on est frappé, dit M. Vom Rath, de la liaison qui existe entre les divers massifs dolomitiques de la contrée, et l'esprit est invinciblement porté à combler les lacunes qui les séparent, et à attribuer leur isolement actuel à l'action ultérieure des eaux. Enfin, si la dolomie a été con-
struite par des coraux, comment se fait-il qu'il ne soit resté, dans sa structure, absolument aucune trace de l'existence de ces animaux, lorsque cependant on y rencontre quelques ammonites dont la forme, au moins, a été conservée ? Remarquons, d'ailleurs, que l'hypothèse des polypiers n'explique pas plus qu'une autre la présence du carbonate double de chaux et de magnésie, et n'aborde que le problème de l'origine du calcaire qui a donné naissance à la
dolomie; cette question, qui peut revenir à l'occasion de tous les calcaires, ne présente dans le cas actuel qu'un Tour; VI, 1861i .
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