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D'ANCIENS TORRENTS. 703 arrivés à un état à peu près stationnaire, parce qu'ils n'affouil- lent plus que très-peu dans leurs parties supérieures, et que la pente de leurs lits de déjection est devenue telle qu'elle leur permet d'entraîner jusqu'à la rivière autant qu'ils apportent à chaque crue. Mais il existe aussi un grand nombre de cours d'eau torren- tiels, aujourd'hui encaissés naturellement et presque toujours limpides, qui' ne transportent plus de graviers , mais qui ont formé autrefois des lits de déjection bien caractérisés. L'as- pect des lieux fait aisément reconnaître les bassins de récep- tion de ces anciens torrents , les gorges qu'ils ont creusées pour leur écoulement, et surtout, au débouché de ces gorges dans la plaine, la forme caractéristique des cônes composés de leurs déjections. La végétation forestière a pris possession des bassins de réception et en fixe le sol superficiel : les lits de déjection, ne recevant plus de nouveaux graviers, sont revêtus d'une couche épaisse de terre cultivable; les torrents eux-mêmes, devenus des ruisseaux limpides permanents, sont une source de prospérité pour le pays en alimentant des ca- naux d'arrosage ou servant de force motrice à des usines; et ces avantages ont souvent déterminé l'emplacement de villages populeux, de bourgs considérables, bâtis, dé temps immémo- rial, sur ces anciens cônes de déjection. § 368. — L'importance et la généralité de ce phénomène des anciens torrents* aujourd'hui éteints ou beaucoup moins actifs, ont été mises en évidence par les beaux travaux de M. Surell (1) et, dans un mémoire très-intéressant de M. Se. Gras (2), auxquels nous emprun- terons quelques exemples et les conclusions remarquables qui en dé- coulent. Nulle part peut-être les torrents éteints ne sont aussi nombreux (4) Études sur les torrents des Hautes-Alpes, Paris, 4841. (2) Bull, de la Soc. de Statist. de l'Isère, 4847.
