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ENTREPRISES D'IRRIGATIONS.
EMPLOI DES EAUX D'ÉGOUT EN AGRICULTURE.
4° Projets d'irrigations pour Paris.
A diverses reprises, depuis une dizaine d'années, on a agité, la question d'une entreprise d'irrigations avec les eaux d'égout de la ville de Paris. Bien que la solution ne paraisse pas prochaine et qu'en ce moment même l'attention publique en ait été détournée par les essais de traitement chimique institués à Clichy, il est à propos d'en dire quelques mots, car après une série plus ou moins longue de tâtonnements il semble impossible qu'on ne rentre pas dans la voie que l'expérience de l'Angleterre a démontré la seule praticable. En dehors de tout système particulier d'irrigations, on ne doit pas perdre de vue quelques considérations essen-
tielles, qui n'ont pas toujours été assez mises en lumières par les promoteurs de projets et dont l'oubli cependant entraînerait à une ruine certaine ceux qui tenteraient de mettre ces projets à exécution. La plus importante de ces considérations c'est que la contre-partie indispensable de toute entreprise d'irrigations doit .être l'abolition des fosses d'aisances et l'envoi direct des matières fécales aux égouts, sans préjudice, bien entendu, de la généralisation du drainage privé tel qu'il se pratique aujourd'hui dans les principaux quartiers. Ce serait, en effet, une grande illusion de croire que les eaux d'égout de Paris, avec leur composition actuelle, sont susceptibles de rémunérer une entreprise d'irrigation. Elles augmenteraient incontestablement le rendement agricole, mais pas assez pour qu'il en résultât un profit commercial, ce qui est fort différent. Ces eaux, en effet, privées qu'elles sont aujourd'hui des déjections de la population et même d'une grande partie des résidus Ménagers, ne valent pas assurément la moitié de ce que valent les eaux de Londres ou de Bruxelles et en général les eaux des villes anglaises.
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Au lieu de 0'025 le mètre cube, ce serait beaucoup de les coter à of,o5. Or, si l'on prélève o',o5 pour les frais d'exploitation, ce qui a rien d'exagéré, il ne resterait que o', 0 2 pour couvrir le capital engagé, chiffre tout à fait insuffisant. Effectivement, on ne peut espérer de desservir Paris avec une dépense moindre que pour la rive nord de Londres, ou avec moins d'une soixantaine de millions. Or of,02 sur Son. 000 mètres cubes par jour (*) ne représentent guère que 2 millions par an, c'est-à-dire S p. ion du capital engagé. Ainsi dans l'hypothèse doublement inadmissible, ou la totalité des eaux seraient vendues au public, au prix le plus élevé qu'on puisse en espérer, eu égard à la composition de ces eaux, on ne retirerait encore qu'un mince intérêt, sans aucune réserve pour l'amortissement ni la réfection des ouvrages
Il n'y a donc pas à s'arrêter un instant à de
semblables combinaisons. Au contraire, la situation pourrait changer si la suppression des fosses, fixes ou mobiles, venait à être décidée ; car alors les eaux d'égout de Paris rentreraient dans les conditions ordinaires et seraient, dès lors,
susceptibles de prendre une valeur plus ou moins voisine de la valeur normale o',1 2 à o',1 5 le mètre cube.
Une autre condition sans laquelle une entreprise d'irrigations serait également rendue à peu près impossible, c'est la faculté d'exproprier les terrains nécessaires à l'arrosage. Pour l'emplacement de l'aqueduc et des ouvrages d'art, cela va de soi : il ne saurait être question de procéder sans expropriation ; on l'a concédée en Angleterre où on l'avait
refusée aux chemins de fer : à plus forte raison la concéderait-on en France. Mais nous voulons parler des surfaces destinées à recevoir l'eau : il est indispensable, disonsnous, de pouvoir les exproprier. Rappelons, en effet, que (*) Cette quantité, comme nous l'avons déjà remarqué, paraît être le maximum que doive atteindre le débit du collecteur, quand tous les travaux en cours seront terminés.