Annales des Mines (1867, série 6, volume 11) [Image 67]

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ARROSAGE DES TERRES CULTIVÉES.

l'aqueduc, le cultivateur ajustera le tuyau de la pompe locomobile qui commence à se populariser dans les fermes anglaises, et aspirera ainsi le liquide. Toutefois, il ne faut pas se faire illusion ; cette dernière pratique sera lente à se répandre, et les concessionnaires ne comptent réellement, pour la vente en grand, que sur la première. Pour mener à bien son entreprise, la Compagnie du metropolis sewage a reçu de la loi de grands pouvoirs. Elle jouit notamment de deux prérogatives capitales : l'une, qui

consiste à mener à travers la propriété privée le grand canal de dérivation et sa branche du nord, c'est-à-dire à exproprier pour cause d'utilité publique les terrains nécessaires à l'établissement et à la conservation de ses oilvrages; l'autre, qui consiste à pratiquer sous les chemins publics des conduites latérales destinées à apporter l'eau d'égout aux propriétés situées dans la zone irrigable et dépourvues de communication directe avec l'aqueduc. Cette dérnière disposition a été jugée suffisante pour assurer les libres allures de la Compagnie. Dans l'enquête de i865, la question a été posée de savoir s'il conviendrait de lui conférer aussi l'énorme privilége de pousser les conduites latérales dans la propriété privée; mais les représentants de la Compagnie ont répondu, avec autant de bon sens que de modération, («pie « toute ferme devant être touchée en quelque point par un chemin public, on pourrait toujours, à la ligueur, y ar-

river par là, et que, demander à la loi davantage, ce serait courir le risque de tout compromettre devant le Parlement. » Ainsi la Compagnie desservira la propriété

privée de deux façons i° par des conduites directes, à travers champs, chez les fermiers qui confinent immédia:

tement à son aqueduc ou qui se sont fait autoriser par ceux qui les en séparent; 2 ° par des lignes plus ou moins détournées, empruntant les chemins publics depuis leur rencontre avec l'aqueduc jusqu'au point où ils atteignent la

propriété qui réclame l'arrosage. L'un ou l'autre de ces

EMPLOI DE L'EAU.

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moyens, selon le cas, permettra de faire face à tous les besoins.

Emploi de l'eau.- Dès aujourd'hui, on peut prévoir que la Compagnie est assurée d'une clientèle importante : l'enquête de 1865 ne laisse aucun doute à cet égard. Plusieurs agriculteurs, situés dans la zone arrosable, interrogés sur l'emploi à faire de l'eau d'égout, n'ont pas hésité à répondre qu'ils étaient disposés à la payer un bon prix, pourvu, bien entendu, qu'on la leur distribuât à leurs convenances. Ils ont même articulé des chiffres, et celui de 2 deniers ou de 2 o centimes par mètre cube a été plusieurs fois prononcé (*).

Comme les agriculteurs n'ont pas dit leur dernier mot, la Compagnie ne peut pas tout à fait considérer ce prix comme assuré ; mais il semble qu'elle peut raisonnablement compter sur un chiffre un peu moindre, par exemple sur 15 cen-

times. Or, déjà, à 15 centimes, si le débouché prend de l'importance, l'affaire est non-seulement sauvée, mais elle devient même très-avantageuse pour les concessionnaires. Quant au mode d'emploi de l'engrais, il sera naturellement subordonné à l'initiative de chaque cultivateur. Le système qui paraît destiné à prévaloir, comme étant le plus simple et le plus productif, est celui des irrigations de prairies, au moyen de rigoles découvertes. L'arrosage à la lance, appliqué aux cultures maraîchères ou aux céréales, sera (*) Voir les dépositions de MM. Watershaws,Wagstaff, Oakley, etc.

On ne peut s'empêcher de remarquer cette attitude franche et intelligente des cultivateurs anglais. Dans d'autres pays, les déposants, qui pourraient être appelés plus tard à acheter l'eau d'égout, ne manqueraient pas de la déprécier et d'en contester l'efficacité, afin de se faire d'avance la partie belle et d'obtenir plus tard des

concessionnaires de meilleures conditions en les &frayant, au risque de faire manquer l'entreprise elle-même. En Angleterre, on

agit tout autrement : l'affaire étant jugée bonne pour tout le inonde, 0 n'hésite pas à l'encourager, avec la pensée, bien entendu, d'y trouver soi-même aussi son profit.