Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
208
DISCOURS, PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES
prise en considération des faits d'alignement dans l'exploitation des Filons et des autres Gîtes minéraux, des preuves chaque jour plus nombreuses et plus convaincantes, de l'utilité de sa découverte. Il lui a été donné aussi de voir cette culture rémunératrice marcher de front avec le développement du Relevé, géologique de la France, conservé sous sa haute direction
par la sollicitude éclairée d'un Ministre, feu M. de Forcade (*) , qui, obligé par de rigoureux règlements de renoncer au concours administratif de M. Élie de Beaumont, avait au moins voulu prolonger les services d'une activité technique et scientifique aussi glorieuse qu'utile au pays. Cette double satisfaction, venue au terme de sa carrière, a heureusement coïncidé avec un retour marqué de la faveur publique, qui semblait s'être éloignée de lui dans le temps même où, à force de veilles, il réussissait à renouer par un lien géométrique les notions déjà coordonnées- par ses Théories des Soulèvements et des Émanations; dans le temps où, élevant ainsi la Géologie à la condition de science mathématiquement constituée, il ajoutait un diamant à la couronne, une étoile de premier ordre k l'auréole scientifique de la France. A part quelques attaques, dénotant du reste, avant tout, une ignorance complète de ses doctrines, le silence s'était fait autour de son nom, et cette défaveur aurait peut être persisté jusqu'à sa mort, sans l'Exposition universelle de
1867, où l'attention du public a été appelée par le fragment de la Carte géologique détaillée préparé sous sa direction pour le quart nord-est de la France, et pendant laquelle les égards des étrangers sont venus faire sentir que les nouvelles oeuvres d'un homme aussi considérable sont (*) Mort cette année au moment où se publiait la première livraison de la Carte géologique détaillée dont l'exécution avait été décrétée sur son rapport.
DE M. ÉLIE DE BEAUMONT.
209
au-dessus des jugements superficiels et doivent être au moins saluées avec respect. M. Élie de Beaumont ne s'émouvait pas plus des méfiances que des malveillances. Il savait bien qu'il fallait attendre longtemps le triomphe de certaines vérités scientifiques et que les grandes oeuvres peuvent être uniquement destinées à la postérité. Il était patient comme il était fort.. La patience lui échap-
pait pourtant dans les discussions, si la contradiction lui semblait trahir une hostilité de parti pris contre les appréciations de faits géologiques admises par lui ou par son collaborateur et ami Dufrénoy dans la publication de la Carte générale de la France. La conversation était alors brusquement interrompue. Les illusions de l'infaillibilité scientifique étaient incompatibles avec la justesse de son esprit', mais ne supposant jamais chez les autres le défaut de sérieux dans les rapports avec le public, il ne pouvait admettre l'ombre d'un soupçon de légèreté. ou de négligence à l'endroit d'une oeuvre dont Fexactitude. importait à la fois aux intérêts.généraux et à l'honneur du pays. On se ferait difficilement une idée des soins scrupuleux que M. Élie de Beaumont n'a cessé d'apporter, dans: le perfectionnement d'abord, puis dans la surveillance de la reproduction decette Carte générale, restée sous sa seule responsabilité (1 , et qui paraissait être l'intérêt dominant des derniers temps de sa vie. J'ai parlé de veilles. Ce n'est pas une figure. M. Élie de Beaumont travaillait beaucoup de nuit , Se rendant autant (") M. Élie de Beaumont. qui tenait à.« faire lui-même » au point
de n'avoir jamais songé à prendre un secrétaire dans les phases les plus occupées de sa. carrière, n'avait conservé, pour la publicaaide, un homme d'élite il est tion de la Carte générale,,qu'un seul principal, attaché à ce travail vrai, M. Jedlinski, garde mines depuis son origine et dont les rares mérites lui. inspiraient à, bien juste titre une entière confiance..