Annales des Mines (1875, série 7, volume 8) [Image 231]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

458

FORMATION CONTEMPORAINE

DE DI VERSES ESPÈCES MINÉRALES.

459

et ainsi disposés entre deux pierres de taille G convenablement évidées (fig. 5). D'autres tuyaux de plomb placés verticalement ont été trouvés dans un puits à l'intérieur de

complète, quoique l'épaisseur du tuyau approche d'un cen-

l'établissement militaire (source n° 2) . Ces derniers présentent l'inscription einnamus fec.

elle-même rongée, mais moins profondément, de l'extérieur à l'intérieur, probablement après que l'eau thermale n'ayant

Emmanchements de bronze assemblant les tuyaux verti-

caux. - Au lieu d'être soudés comme les précédents, ce à quoi s'opposait leur disposition verticale, ces derniers tuyaux étaient réunis par des emmanchements en bronze (b, fig. 6) qui servaient de brides. Une soudure s était appliquée à la jonction du plomb et du bronze, ainsi que sur la séparation des deux tuyaux en bronze. Ces deux derniers avaient été probablement tournés et alésés, puis étamés, comme on le fait encore aujourd'hui, afin de donner de l'adhérence à la soudure ; la pellicule d'étain appliquée dans ce but est encore bien visible. Une bague en plomb t,

placée à l'intérieur, dans une cavité réservée, et soudée à

l'avance, avait été 'nattée par force dans l'ajustage du tuyau, par un emmanchement conique qui était ajusté avec beaucoup d'exactitude (*).

Érosions subies par ces tuyaux. - Ces tuyaux en plomb

offrent des preuves évidentes de l'action énergique que l'eau minérale a exercées sur eux. L'un des tuyaux horizontaux (cocillus), provenant des piscines découvertes dans la chambre des nouvelles pompes de l'établissement civil, était enveloppé de béton (fig. 5).

Il a été fortement rongé, de l'intérieur à l'extérieur, sous forme de cavités arrondies, à peu près hémisphériques, et parfois assez profondes pour avoir amené une perforation (*) L'intérieur du tuyau de plomb présente des rainures qui paraissent résulter du frottement qu'il a subi de la part des tuyaux de bronze. Les dimensions des tuyaux de bronze sont : cli amètre intérieur om,08 è 0-, 0, et épaisseur i5 millimètres environ.

timètre. La surface extérieure de ce même tuyau a été plus son cours dans le tuyau s'était épanchée au dehors.. On s'est souvent occupé des altérations que l'eau peut faire subir au plomb des tuyaux dé conduite. On voit par la forme et par la profondeur de ces cavités, combien l'action a été énergique, dans le cas d'une eau thermale et minéralisée comme celle de Bourbonne ; car ces perforations paraissent remonter à l'antiquité. Phosgénite produite en abondance.- Des cristaux blancs, d'un éclat adamantin, enveloppent le tuyau horizontal ainsi

perforé, sur une épaisseur variable, qui va jusqu'à 8 ou o centimètres. Ces cristaux donnent à la fois les réactions du plomb, de l'acide carbonique et du chlore. Leur forme est celle d'un prisme à huit pans, dont tous les angles sont égaux. ils présentent la forme primitive h', avec une troncature sur les arêtes verticales h9; ils ont un clivage parallèle à la base du prisme. La croix noire qu'ils montrent sous l'action de la lumière polarisée, indique qu'ils sont doués de la double réfraction à un aie. Ces cristaux offrent donc les caractères chimiques et cristallographiques de la phosgénite. Un tuyau de plomb vertical, trouvé à la source militaire

n° 2, et marqué du nom de Cinnamus, entoure un tuyau de cuivre à peine altéré. Sa surface extérieure est également recouverte d'une couche de phosgénite cristallisée, dont l'épaisseur est de 2 à 3 millimètres. La phosgénite qui a été rencontrée en grands cristaux, en Derbyshire, à Crawford près Matlok, en Écosse, en haute Silésie et en Sardaigne (*) est une espèce rare. Ce(*) Les formes de cette espèce ont été examinées par M. de Kokscharow, Bulletin de l'Académie de Saint-Pétersbourg, t. IX, p. 231,1865.