Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
EMPLOI EXCLUSIF DES RAILS D'ACIER
PAR LES COMPAGNIES DE CHEMINS DE FER.
courir les distances les plus grandes pour arriver, aux usines qui, guidées par des espérances trompeuses, se sont
demandassent plus que de l'acier, les usines elles-mêmes ne voulaient plus offrir que de. l'acier, et l'on en est venu à vendre ce précieux métal à un prix qu'avec plus de sagesse on eût fait encore accepter pour le rail en fer des anciens temps. Les fabricants se sont donc, comme on dit vulgairement, gâté le métier. Nous savons que l'abaissement des prix par le développement de la concurrence est une loi générale, contre laquelle il serait puéril de s'élever, mais il nous semble que, dans le cas présent, les maîtres de forges ont pourtant un peu dépassé la mesure. Non contents de séduire leur puissante clientèle par des réductions de prix inespérées, les producteurs d'acier lui ont encore offert l'appât de garanties exagérées. Dans ses premiers marchés, l'usine de Bochum donnait, pour des rails en acier doux ne contenant pas en moyenne plus de o,5 p. too de carbone, une garantie de douze années. La plupart des usines autrichiennes acceptent aujourd'hui des garanties de huit à dix ans, tout en étant obligées par les épreuves au choc, qui sont plus sévères en Autriche qu'en France, de fabriquer un acier doux. Ces garanties ne présentent pas de grands inconvénients lorsqu'elles concernent des lignes à faible trafic, et la plupart des chemins encore récents de l'Autriche, de la Hongrie surtout, rentrent dans cette catégorie ; mais sur des lignes très-parcou-
44
engagées dans la nouvelle fabrication sans en avoir les éléments sous la main. Or, il faut que ces transports se payent ; aussi voit-on, sauf précisément en Styrie et dans quelques régions très-favorisées, la fonte Bessemer se présenter sur le marché avec une cote spéciale, notablement supérieure à celle de la fonte de forge ou de moulage or-
dinaire. Comme les bons minerais, quoique existant sur quelques points en gisements considérables, ne sont point inépuisables, cette différence de prix devra plutôt augmen-
ter que diminuer dans l'avenir, à moins qu'on ne trouve un procédé permettant de transformer en métal fondu homogène et résistant la fonte faite avec toute sorte de minerais. Bien des essais ont déjà été faits dans ce sens, mais aucun n'a, jusqu'à présent, permis de faire entrer en grand
dans la fabrication du métal Bessemer les matières premières que nous énumérions tout à l'heure. Il en résulte que l'abaissement excessif du prix de vente des produits en acier, et en particulier des rails qui, eu égard à leur masse, jouent par rapport aux autres articles tels que bandages, essieux, tôles, etc., un rôle si prépondérant, doit être considéré comme illogique, contraire à l'ordre naturel des choses. Étant donnée la différence de valeur entre les minerais à acier et les minerais ordinaires, différence qui, nous le répétons, doit, à moins de découvertes imprévues, s'accentuer encore dans l'avenir, étant donnés de plus les avantages incontestables que les compagnies de chemins de fer reconnaissent elles-mêmes tirer de l'emploi des rails d'acier, le prix de ces rails n'aurait jamais dû se rapprocher de celui des rails en fer au point de se confondre en quelque sorte avec lui. Malheureusement une concurrence déraisonnable est venue compromettre
la- situation. On a voulu faire de l'acier quand même, de l'acier à tout prix. Bien avant que les chemins de fer ne
45
rues, nous croyons ces garanties trop élevées et peu justifiées
par les relevés faits -jusqu'à ce jour sur l'usure des rails d'acier. Ceux-ci, en effet,- bien qu'a l'abri des exfoliations, des dessoudures, des aplatissements des rails en fer, s'usent aussi et même plus vite qu' on ne l' avai t cru d' abord ; plusieurs
compagnies ont reconnu que dans les parties accidentées de leur réseau, les réfections de voie par grandes- sections pourraient devenir nécessaires après une période de quinfe années. Il nous semble que dans de semblables conditions des garanties de dix à douze ans sont aumoins imprudentes,
car les usines s'exposent ainsi à voir ces réfections résul-
'7:77