Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.
1 06
EXPLICATION DES PHÉNOMÈNES OPTIQUES ANOMAUX
par exemple, les grenats verts de Zermatt, et je me contenterai de dire que l'on peut toujours, par les accidents de la surface, juger du mode de mélange que l'observation optique permet de constater. Je passe maintenant à une variété très-remarquable, celle qui porte le nom d'ouwarowite. C'est, on le sait, un grenat où le sesquioxyde est celui de chrome. Les cristaux dodécaédriques, très-nets, sont d'une belle couleur verte, ils tapissent les fentes d' un fer chromé à Saranowskoja, près Bissork. Une lame parallèle à 1)1- donne la fig. 22, Pl. Il, lorsque le plan de polarisation est parallèle à une diagonale. Le rhombe central et les deux petites sectious triangulaires adjacentes s'éteignent à peu près complétement ; à peine voit-on quelques parties moins noires que le reste. La bordure se compose de quatre trapèzes qui s'éteignent ensemble lorsque le plan de polarisation est à 450 d'une diagonale. On a donc ici les mêmes phénomènes que dans la boracite ; les quatre cristaux, visibles dans la topazolite, et qui correspondent à un même rhombe, sont à peu près complètement mélangés, et le cristal d'ouwarowite est formé, comme celui de boracite, de 12 cristaux orthorhombiques correspondant à chaque face du dodécaèdre. Comme on devait s'y attendre, les faces de Pouwarowite sont à peine ondulées et presque complètement planes.
Si l'on soumet aux épreuves optiques les jolis grenats almandins de Massa, dont les faces rhombes sont parfaitement unies, et qui ne portent de stries que sur les faces a', parallèlement aux intersections avec les faces b', les lames paraissent à peine biréfringentes, quelle que soit la direction suivant laquelle on les taille. On observe cependant des bandes parallèles dont l'intensité lumineuse vape un peu, et qui montrent encore, par leur direction, les mélanges, semblables à ceux de l'aplome , qui constituent le cristal. Si enfin on étudie les grenats trapézoédriques du Tyrol, on n'observe plus à peu près aucun phénomène optique,
DANS DES SUBSTANCES CRISTALLISÉES.
107
et la substance paraît presque absolument monoréfringente. Les grenats mélanites d'Arendal sont dans le même cas.
En résumé, les cristaux de grenat, malgré la constance de leur forme cristalline générale, présentent des variations très-intéressantes dans la constitution intérieure. Les uns, comme la topazolite, sont formés par l'assemblage complexe de 48 cristaux pyramidaux, à symétrie
anorthique, ayant pour bases les 48 faces d'un hexoctaèdre. Cet assemblage complexe, dû aux douze positions différentes que peut prendre un réseau triclinique quasi-cubique, est d'ailleurs soumis aux règles générales que j'ai fait connaître.
Les accidents des faces cristallines témoignent extérieurement de ce groupement complexe intérieur. Toutefois les nombreuses Orientations que prend, dans un cristal de grenat, le réseau anorthique fondamental
tendent à se confondre. Il y a surtout tendance à la confusion entre les cristaux qui correspondent à un même rhombe. Le mélange, déjà très-sensible dans la topazolite, s'accuse plus fortement dans l'aplome, dans les mélanites de Zermatt, etc., et les cannelures des faces cristallines témoignent de ce mélange intérieur. Dans l'ouwarowite, le mélange des quatre orientations du réseau correspondant à chaque rhombe est à peu près complet; les faces cristallines deviennent presque lisses, et l'on peut considérer le cristal comme formé, ainsi que la bora-
cite, par six orientations différentes d'un réseau orthorhombique.
Dans l'almandin de Mussa, et surtout dans les trapézoèdres du Tyrol, le mélange s'étend à toutes les orientations différentes que prend le réseau dans la topazolite ; la substance paraît constituée par un réseau presque exactement monoréfringent (*). () Il me paraît très-vraisemblable que les gadolinites, les alla-