Annales des Mines (1880, série 7, volume 17) [Image 171]

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A JOACH1MSTHAL (BOHÈME SEPTENTRIONALE).

340 PRÉPARATION DES SELS D'URANE ET DE VANADIUM

passer le vanadium, le molybdène, le tungstène et l'arsenic, à l'état de sels de soude solubles dans l'eau chaude ; l'uranate de chaux ou de soude, insoluble, devait au contraire rester dans le résidu. On soumettait en conséquence les minerais ainsi grillés, à un lessivage prolongé, de façon à enlever la majeure partie du vanadium et des métaux nuisibles; le reste de l'opération se trouvait par là simplifié, et la qualité da produit final, améliorée. Cette manière de voir fut pleinement justifiée, au moins pour ce qui regarde l'urane, et les manipulations diverses

que nous venons d'esquisser rapidement en dernier lieu constituent encore aujourd'hui, point pour point, les deux premières opérations de la méthode de traitement des minerais d'urane, décrite dans la première partie de cette note.

D'autre part, les liqueurs de lessivage étaient traitées pour vanadium : on les additionnait d'acide chlorhydrique, puis on y versait une infusion de noix de galle qu'on neu-

tralisait ensuite peu à peu avec du carbonate de soude. On obtenait un précipité bleu-foncé de gallate de vanadium rendu impur par la présence de tungstène, de molybdène, d'arsenic, de silice et de soude. Ce précipité était

séché et calciné, puis traité par l'eau bouillante qui

dis-

solvait le vanadate de soude à peu près seul. La dissolution évaporée donnait du vanadate de soude brut. C'est en 1856 que ce procédé d'extraction du vanadium fit son apparition à Joachimsthal. Après avoir été appliqué pendant quelque temps, il fut abandonné à cause de l'appauvrissement graduel des liqueurs de lessivage en vanadium. On attribua ce fait à une diminution de richesse des minerais eux-mêmes et, sans plus chercher, on s'en tint là. § 4. -- Nouvelles tentatives. Les choses étaient en cet état, lorsque, dans ces dernières années, le vanadium, longtemps resté sans application pra-

tique, fut proposé simultanément de plusieurs côtés pour la

teinture en noir des cotons et des laines, par la transformation de l'aniline en noir d'aniline. Le vanadium augmente en effet l'éclat de la couleur et la netteté de l'impression, il empêche l'attaque des cylindres et des cardes en fer, enfin il permet de régler plus facilement la période d'oxydation de l'aniline. Cette découverte stimula le zèle des chimistes, qui se remirent de nouveau à l'étude. D'autre part, le procédé appliqué jusque-là pour la préparation des sels d'urane commençait à donner de moins bons résul-

tats : on constatait qu'il passait des quantités de plus en plus grandes d'arsenic dans les produits finis, ce qui était une source continuelle de désagréments. Bref, on fit subir aux minerais une analyse, qui démontra que, depuis 1856, leur teneur en chaux avait considérablement baissé, pendant qu'en même temps la proportion d'arsenic, de molybdène, etc., s'était notablement accrue. Dès lors tout s'expliquait: la chaux faisant défaut dans le minerai, l'uranium absorbait au grillage la majeure partie de la soude ajoutée, dont il ne restait plus assez pour faire passer la totalité de

l'arsenic et des autres métaux nuisibles, à l'état de sels solubles dans l'eau. Par contre, la teneur en vanadium était la même qu'en 1856; seulement, par suite de l'insuffisance de la soude, ce métal restait, en grande partie, avec l'arsenic, le molybdène, le tungstène, etc., dans les résidus du lessivage, ce qui explique la pauvreté des liqueurs. 10 Grillage avec addition de chaux et de soude. - Pour remédier à cet inconvénient, la première idée qui vint à l'esprit fut d'ajouter aux minerais à griller, en outre des 4 pour 100 de nitrate et des 15 pour ioo de carbonate de soude, la chaux qui leur manquait. Mais on fut bientôt obligé de renoncer à cet expédient : la soude, ne trouvant plus dans le minerai des absorbants suffisants, réagissait sur les parois siliceuses du four, et les détériorait rapidement, pendant que la silice, ainsi introduite dans les li-