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CONSTITUTION GÉOLOGIQUE
DE L'ISTHME DE PANAMA.
traverse le massif central de la Cordillère par une grande tranchée dont la profondeur maximum, près du cerro de la Culebra, sera de 90 mètres, comptés au-dessus du niveau
j'ai même parcouru le lit à pied, lorsque le tirant d'eau
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moyen des mers. C'est ce tracé qu'il s'agissait pour nous d'étudier.
Mais, si le but à atteindre était bien déterminé, les moyens d'y arriver ne laissaient pas d'offrir des difficultés assez grandes.
En effet, l'observation directe est, sur la plupart des points de l'isthme, absolument impossible. Dès que l'on est sorti des marais qui bordent le littoral des deux côtés, mais principalement sur le versant de l'Atlantique, le sol, qu'il soit plat ou montagneux, est presque toujours recouvert d'une végétation épaisse, si touffue, qu'elle offre un obstacle impénétrable à la marche, et qu'il est indispensable, si l'on veut cheminer dans les bois, de se faire au préalable frayer un chemin à coups de hache ou de sabre;
mais, même en usant de ce procédé, j'ai dû bien vite reconnaître, en visitant les trochas ou trouées faites dans ces fourrés épais par les brigades de nivellement, que les observations pratiquées dans ces conditions ne donneraient aucun résultat, attendu que le sol est en outre recouvert partout d'une épaisseur de terre végétale assez grande et pouvant même, dans certains endroits, aller jusqu'à plusieurs mètres. En dehors des tranchées du chemin de fer et des berges des ruisseaux ou rivières, il ne faut donc pas, en général, à moins de faire faire des fouilles sérieuses, moyen peu commode en pratique et limitant d'ailleurs beaucoup le champ des observations, songer à obtenir des résultats géologiques; ceux que j'ai recueillis proviennent presque en entier des courges que j'ai faites sur la voie ferrée ou le long des cours d'eau du Chagres, du rio Obispo, du rio Grande, ou de ceux de leurs affluents qui pouvaient intéresser le canal, et que j'ai descendus en pirogue ou dont
n'était plus suffisant pour donner passage à ces embarcations pourtant si légères. J'ai pu cependant, à l'aide de six équipages de sondes qui avaient été envoyés dans l'isthme, avant l'arrivée de la commission, pour y commencer les études, ajouter à ces données quelques renseignements intéressants; mais le temps fort court dont nous disposions m'a forcé de les distribuer non pas tant sur les points rocheux où l'avancement journalier aurait été extrêmement faible, ce qui aurait donné des résultats insignifiants, que dans les terrains tendres et alluvionnaires, où nous pouvions obtenir de cette façon, avec une assez grande rapidité, la profondeur de la roche sous-jacente, renseignement extrêmement important au point de vue de la nature des déblais à enlever plus tard dans l'exécution du canal. Je vais donner ci-dessous le résultat de ces diverses observations, en commençant par l'étude du profil géologique de l'isthme, suivant l'axe du chemin de fer de Colon à Panama, dont le tracé du canal ne s'éloigne jamais de plus de 5 ou 4 kilomètres (*).
I. Colon-Aspinwal, tête de ligne sur l'Atlantique du che-
min de fer qui traverse l'isthme, est bâtie sur la petite île de Manzanillo, formée par des récifs madréporiques recouverts d'un limon vaseux et d'une terre végétale peu fertiles, imprégnés d'eau de mer, pétris de débris de coquilles, et n'ayant pu donner naissance qu'a une végétation assez pauvre de mangliers et de mancenilliers, parsemés çà et là de quelques cocotiers. Ces coraux abondants, appartenant tous à des espèces vivantes, forment en quel(') Voir aux Pl. I et II la carte de l'isthme et sa coupe géologique suivant la ligne du chemin de fer.