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DE L'ISTHME DE PANAMA.
CONSTITUTION GÉOLOGIQUE
que sorte le squelette de cette île à peu près sans ressources, qui donnerait à priori une triste idée du pays, si, par-dessus la végétation maigre et basse qui la recouvre, on ne voyait au loin se découper sur l'azur du ciel le profil
accidenté de la Cordillère et resplendir la splendide parure des forêts impénétrables du centre. La voie traverse bientôt le petit bras de mer qui sépare l'île de la terre ferme, et, traversant le littoral bas et marécageux qui le borde, vient couper, à Monkey-Hill (Loma del Mono) le pied d'un contrefort de la sierra Quebrancha, formé sur une certaine épaisseur d'une argile assez grasse, peu fossilifère, colorée en rouge vif par l'oxyde de fer, et qui paraît recouvrir sur un assez grand nombre de points, tant sur le versant de l'Atlantique que sur celui du Pacifique, les formations plus anciennes de l'isthme. C'est ainsi qu'on retrouve cette argile un peu plus loin,
au milieu même des fameux marais de Midi, de réputation si fâcheuse et, pour le moment du moins, si imméritée, puisque le sol s'y couvre peu à peu de belles cultures, et que nous y avons vu nous-même en plusieurs points des pacages dans lesquels étaient élevées de nombreuses têtes de bétail, dont les gardiens ne paraissaient se ressentir en aucune façon de l'influence prétendue si meurtrière du climat; on peut encore constater sa présence tout le long de la sierra Quebrancha, dont on suit le pied jusqu'à Gatun, soit dans les tranchées de la voie ferrée, soit encore dans les pâturages qui avoisinent ce village.
Sous cette argile, dont l'épaisseur peut atteindre plusieurs mètres, on observe, suivant les points, diverses formations. Dans les environs de Monkey-Hill et un peu en contrebas de la voie, c'est une sorte de tuf ou de grès tendre,
de couleur grisâtre, argilo-calcaire, pétri de débris de coquilles de toutes grandeurs jusqu'aux dimensions microscopiques, qui paraissent appartenir aux couches ter-
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tiaires les plus récentes, et contenant çà et là au sein de sa masse des rognons plus durs et à pâte plus fine, mais de composition analogue. Cette même formation se rencontre à 5 kilomètres plus loin environ, de l'autre côté du marais.
A Gatun même, au moment où la voie ferrée va quitter les derniers mamelons par lesquels la sierra Quebrancha vient mourir au pied du rio Chagres, l'argile rouge repose au contraire sur une couche de plusieurs mètres de puissance, formée d'une roche tendre toute différente et assez intéressante par sa structure. Elle est en effet composée de grains arrondis, assez petits de dimensions (leur volume peut aller jusqu'à la gros-
seur d'une noisette) à pâte très tendre et généralement assez fine, quelquefois d'une .finesse extrême, leur donnant presque l'apparence kaolinique, et englobés dans une pâte plus grossière légèrement colorée par de l'oxyde de fer. Ces grains sont grisâtres, quelques-uns tirent sur le vert
ou le violet. On dirait d'un conglomérat formé des éléments de toutes les roches trachytiques que l'on doit rencontrer plus tard dans la traversée de l'isthme, et soumis -ultérieurement à une décomposition profonde que l'action des agents atmosphériques ne suffit peut-être pas à expliquer.
Le Dr Wagner fait observer avec juste raison que ces grains ne contiennent jamais les éléments des roches doléritiques dont je signalerai plus loin la présence, et que par conséquent ce conglomérat doit leur être antérieur.
Je n'ai rencontré l'analogue de cette roche en aucun autre endroit, sauf peut-être à Buena-Vista, où elle n'est du reste visible que sur une assez faible épaisseur. A Gatun,
elle a été mise à nu par d'anciens travaux du chemin de fer dont les agents se servaient autrefois des produits de la carrière comme de ballast.
La tranchée s'évase immédiatement en arrivant à la